Algérie

Un répit pour éviter le pire à l'industrie algérienne



Un répit pour éviter le pire à l'industrie algérienne
Sur les 4000 produits concernés, environ 2330 articles ont déjà bénéficié de cette dispense de droits de douane qui n'a, est-il bon de le signaler, profité qu'aux exportateurs européens qui ont exploité sans aucun état d'âme l'impréparation des entreprises algériennes à  ce genre d'exercice. Tout ce que l'Union européenne et le gouvernement algérien leur avaient promis pour les rendre plus compétitives (mises à  niveau, réduction de la TVA pour les inputs et matières premières industrielles, abolition du dumping encore pratiqué par de nombreux exportateurs européens etc.), n'ayant pas été appliqué, les entreprises algériennes ont été soumises à  très rude épreuve, plus d'une vingtaine de milliers d'entre elles ayant été contraintes à  déposer leurs bilans. Elles ne sont aujourd'hui ni en mesure d'exporter, mais pis encore, pas même capables de défendre leurs parts de marché dans leur propre pays, en grande partie ravies par des sociétés étrangères. Un déferlement de marchandises étrangères estimé à  environ 45 milliards de dollars en 2010 et à  près de 50 milliards en 2011, a pratiquement laminé ce qui restait du maigre tissu industriel algérien qui disposait encore de quelques chances de placer des produits sur les marchés internationaux. A moins que de reporter l'échéance du prochain démantèlement tarifaire à  une date ultérieure, la plus lointaine possible, l'industrie algérienne court le risque bien réel de subir le coup de grâce à  l'horizon 2017, date à  laquelle entrera en vigueur, en application de l'accord d'association, la dernière vague d'abolition tarifaire. Les négociations qui achoppent essentiellement sur le volet industriel ne seront, à  l'évidence, pas simples, chacune des parties étant légitimement appelée à  défendre ses propres intérêts. L'Europe, qui subit une grave crise de croissance et pour certains de ses pays comme la France et l'Espagne, un déséquilibre sans précédent de leurs balances commerciales, ne sera certainement pas encline à  faire des cadeaux à  l'Algérie, qui déclare ne pas àªtre affectée par la crise économique mondiale et, de surcroît, disposer de près de 180 milliards de dollars de réserves de change. Les pays de l'Union européenne qui connaissent parfaitement le modèle de gestion rentier et bureaucratique algérien sont, par ailleurs, conscients qu'un report d'échéance du démantèlement à  l'horizon 2020 n'arrangerait rien à  la situation de l'économie du pays qui souffre surtout d'une absence de volonté de réformes, mais pis encore, d'un retour au dirigisme d'Etat qui paralyse, depuis quelques années, tout l'appareil productif, en faisant, notamment, la part belle aux importateurs dont le nombre est passé de 7000 à  près de 40 000 tout au long de cette dernière décennie. La partie algérienne s'efforcera, croit-on savoir, de défendre certains segments industriels exigeant, au risque de les voir disparaître, une protection douanière (cas de l'industrie textile et de la sidérurgie). On évoque également l'intention de l'Algérie de protéger l'industrie automobile qui n'existe pourtant pas encore dans le pays. C'est sans doute une concession promise au constructeur Renault pour protéger le marché intérieur que le gouvernement avait certainement promis de lui réserver en gage de la construction d'une l'usine de montage en Algérie. Mais à  supposer que la partie européenne, comme on le souhaite, fasse l'effort d'accepter un report d'échéance en faveur des produits concernés, il n'est un secret pour personne que ce n'est pas exclusivement à  ce niveau que se jouera l'avenir de l'industrie algérienne, qui souffre, d'abord et avant tout, du mauvais climat des affaires qui prévaut dans le pays et du mode de gestion rentier et bureaucratique auquel les entreprises de production, aussi bien publiques que privées sont soumises.


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