Algérie

Un remaniement pour... ne pas changer



Un remaniement pour... ne pas changer
Une rumeur insistante annonce un prochain remaniement ministériel. Comme de coutume, quand il s'agit de nominations, le pouvoir fait durer le plaisir. Faute de surprise, le suspense.Il sera, dit-on, accompagné ou suivi d'un mouvement de promotions et de révocations dans de multiples fonctions officielles. C'est ainsi : il y a ceux qui attendent les résultats de la tripartite et ceux qui guettent les décisions de nomination.
La torpeur de fin d'été est propice aux exercices sur carte d'état-major de pouvoir. L'inaction institutionnelle procure le temps et la quiétude nécessaire aux itérations auxquelles les décideurs s'essaient quand il s'agit de redistribuer les prérogatives et les privilèges. Pendant ce temps-là, les intéressés restés éveillés prêtent l'oreille à la rumeur et les "observateurs" tirent des plans sur la comète. Des plans où il n'y a pas que du faux, l'Algérien, tous statuts confondus, étant porté à faire étalage de son haut niveau d'information.
Marx, critiquant "l'économie vulgaire", c'est-à-dire celle en vogue à son époque, écrivait que, pour ses théoriciens, "une butte ressemble à une montagne". On comprend donc la fièvre que peut susciter un bruit de "changement". Parce que, en vérité, sous le régime actuel, les opérations de recasement fonctionnel n'ont pas d'intérêt politique. Depuis 1999, le pouvoir se sert dans le même panier, rappelant d'anciens titulaires ou mettant au repos d'autres, animant un perpétuel jeu de chaises musicales.
Finalement, rien n'a autant illustré la continuité, durant ces quinze dernières années, que les remaniements ministériels. Par une démarche de sacralisation tacite de l'autorité, la notion d'échec a été bannie et avec elle tous les attributs d'un processus de gestion : en particulier, le bilan et la sanction. Il n'est plus concevable, dans la religion politique en application, de démettre un responsable pour raison d'incompétence, d'inefficacité ou d'inaptitude. Quand il arrive que quelqu'un soit démis, nous penchons instinctivement pour l'acte d'infidélité comme motif de sa mise à l'écart. Là où l'on ne récompense que l'obédience, on ne sanctionne que l'autonomie. Dans un tel contexte, le défaut d'initiative, soutenu par l'incompétence et l'absence de convictions, fonctionne comme un atout. En termes de carrière politique, il y a plus d'avantages à échouer qu'à oser. Le rapport à la fonction, dans la haute hiérarchie, est conçu pour organiser l'échec. Et cela pour deux raisons : d'une part, empêcher l'expression des qualités des responsables, ce qui pourrait dévoiler les insuffisances d'autres responsables ; d'autre part, le niveau de dépense que le régime peut s'autoriser permet de compenser les effets de l'incompétence et de l'inaction érigées en stratégie de conservation du pouvoir.
La parole unique qui, d'échelon en échelon, parvient jusqu'à la base populaire, diffuse un message unique, le message de l'autorité qui proclame, sans possibilité de contradiction, qu'elle agit comme il faut et qu'elle ne trompe pas. Dans ce système d'autoévaluation autoritaire, l'opinion critique se parle à elle-même. À la marge d'un système qui fonctionne pour lui-même. Même quand il fait des remaniements de gouvernement et de mouvement d'affectation de cadres.
M. H.
musthammouche@yahoo.fr
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