Algérie - Akram Belkaïd-Ellyas

Un regard calme sur l'Algérie, Essai - Éditions du Seuil, Paris, 2005



Un regard calme sur l'Algérie, Essai - Éditions du Seuil, Paris, 2005
Quatrième de couverture
Meurtrie par une décennie sanglante faite d'affrontements entre " pouvoir " et islamistes armés mais aussi de terrorisme à grande échelle, de destruction, de massacres et d'enlèvements de civils, l'Algérie tente désormais de panser ses plaies. Pourtant, ce retour à la paix civile, elle-même fragile, ne résout aucun des grands maux qui ont failli précipiter ce pays dans l'abîme. Tout ce passe comme si les dirigeants algériens entendaient oublier au plus vite les " années noires ", sans chercher à en tirer des enseignements pour prévenir un nouvel embrasement. En s'efforçant d'éviter les raisonnements manichéens, ce livre propose une réflexion apaisée qui entend rompre avec les habituelles grilles d'analyse de la crise algérienne. Sans perdre de vue la nature manipulatrice et incompétente du " pouvoir " et sans oublier l'écrasante responsabilité des islamistes, il aborde plusieurs questions dont dépend l'avenir de l'Algérie : régionalisme, identité, langue, rapport à la religion et à la modernité, liens avec le Maghreb et la France, de même que les égarements d'une " réconciliation " trop vite décrétée, le rôle de l'armée, le statut de la femme, le sacrifice de la jeunesse et les dégâts sociaux provoqués par l'ouverture économique. Les tabous de l'Histoire ne sont pas éludés. L'ouvrage met aussi en avant l'existence d'une culture de glorification de la violence et revient sur la difficulté des Algériens à explorer la mémoire de la guerre d'indépendance.
Thèmes principaux :>/B>
- Du pouvoir :
Le pouvoir algérien est une " boîte noire " dont la nature est à la fois mafieuse et manipulatrice. A cela s'ajoutent l'incompétence, l'indécision mais aussi le mépris féodal pour le peuple. Quant à l'opposition démocratique, elle ne s'est toujours pas émancipée de la tutelle, directe ou indirecte, du pouvoir.

- Le mal-être algérien :
Depuis l'indépendance, la société algérienne souffre de l'absence d'un projet capable d'effacer le pessimisme et la crainte de l'avenir dont elle est imprégnée. A cela s'est ajoutée, au fil de la dégradation de la situation, une véritable mauvaise conscience qui s'illustre par la question implicite que se posent nombre d'Algériens : " sommes-nous dignes de cette indépendance arrachée dans le sang et les larmes ? "

- Les occasions manquées :
La société algérienne s'est très tôt résignée à la montée en puissance de la " vague " islamiste. La répression des émeutes d'Octobre 1988, avec son lot de jeunes fauchés par les balles ou torturés, a constitué le point de non-retour sur le chemin de la guerre civile. A l'époque, la société algérienne et les démocrates ont eu peur d'accompagner voire de prolonger la révolte au grand bénéfice du pouvoir et des islamistes.

- La " décennie noire " :
Pourquoi avoir peur des mots ? Ce fut une guerre civile qui a forgé un nouveau vocabulaire. La violence islamiste évolue désormais vers le banditisme. Les armes en circulation seront difficilement récupérables car les Algériens n'ont plus aucune confiance en un pouvoir qui n'a pas su les protéger.

- Un pays morcelé :
La violence a modifié le rapport des Algériens à leur espace, à leur sol. Il est temps de réaliser le danger que court cette terre qui se fragmente et se morcelle alors que le retrait de l'Etat ne cesse de s'accentuer.

- Le régionalisme :
C'est le mal profond qui ne connaît aucune barrière politique. L'identité des Algériens ? Elle est berbéro-arabe et la seule distinction pertinente concerne la langue maternelle (darja ou berbère). Le mythe de la race pure (arabe ou berbère) risque encore de conduire l'Algérie au chaos. Il serait temps aussi que disparaisse en France le cliché du " bon kabyle ", démocrate et laïc, contrairement à celui de " l'Arabe " voire de " l'Algérien " dont il ne faut rien attendre de bon.

- " Qui tue qui ? " :
Ainsi formulée, cette question a servi le pouvoir. Elle a éludé la seule qui aurait mérité d'être posée à l'époque des grands massacres : " pourquoi n'a-t-on pas protégé tous les Algériens de la même manière ? "

- Le pardon, l'amnistie et les disparus :
Il ne faut pas pardonner aux responsables du drame algérien. Le pardon est prématuré et quant au silence qui entoure la question des disparus, il est scandaleux.

- La violence et l'Histoire :
La violence durant la guerre civile a ravivé les polémiques sur la violence du FLN durant la guerre d'Algérie. L'auteur relève qu'en France, tout Algérien qui souhaite s'exprimer sur la période de décolonisation est sommé, pour être bien vu, de condamner les pratiques du FLN de 1954 à 1962. Il rejette cette démarche mais souhaite que les Algériens rompent avec " leur culture de glorification de la violence " et qu'ils se penchent sans tabou l'histoire de leur pays.

- L'économie et le bazar :
La libéralisation de l'économie algérienne est une supercherie faute notamment de volonté réelle de réformer et de s'affranchir du diktat néo-libéral des institutions financières internationales. Malgré les milliards de dollars tirés de la vente du pétrole, le pays régresse comme le montrent la multiplication des émeutes et le délabrement du système de santé.

- Le scandale Khalifa :
Ni blanchiment ni success story : l'ascension de Khalifa n'a été qu'une gigantesque opération de cavalerie. Un scandale qui révèle les errements de la société algérienne et l'effondrement des valeurs tels que l'honnêteté, le respect du travail,… Cette affaire permet aussi à l'auteur de rappeler qu'une véritable guerre est menée contre le secteur public économique algérien depuis le milieu des années 1990.

- Quitter l'Algérie :
C'est le rêve des jeunes et des moins jeunes. Partir ailleurs, c'est, entre autre, vivre enfin sans piston ni sponsor.

- L'armée :
_ dans les années 1980, l'armée s'est embourgeoisée et a connu une vraie crise de vocation. Elle n'était pas préparée à faire face à la violence. Le pouvoir a délibérément cassé son potentiel scientifique.
_ les services de sécurité doivent se défaire de la culture du rapt.
_ Il n'y a pas de révolution des œillets à attendre des jeunes officiers mais le pays bénéficiera de l'influence que pourront exercer sur ces derniers les centres de savoir occidentaux.

- Pour les femmes :
Le statut des femmes algériennes ne peut s'améliorer qu'en tordant le coup à la démocratie à condition de respecter toutes les autres libertés. Une dictature qui utilise l'émancipation des femmes pour se forger une légitimité internationale met en danger ces mêmes femmes.

- La Tunisie :
Le contentieux algéro-tunisien s'est aggravé durant " la décennie noire ". Les Algériens ne prennent pas toujours la mesure de la rancune tunisienne à leur égard. De leur côté, ils entendent faire payer à la Tunisie son opportunisme durant les années 1990 qui a consisté à profiter du repoussoir algérien pour s'attirer les bonnes grâces de l'Occident.

- Le Maroc :
Algérie et Maroc n'ont aucun avenir s'ils ne s'unissent pas. Une véritable union, y compris politique. Ce n'est qu'ainsi que la région aura un avenir et, qu'au passage, sera réglée la question du Sahara.

- La France :
La France aiderait les Algériens en présentant ses excuses pour la période coloniale. Ces excuses sont aussi nécessaires pour stopper le révisionnisme actuel qui, en France, consiste à faire croire que le FLN, minoritaire, a imposé l'indépendance à une majorité d'Algériens qui n'en voulaient pas.

- Les harkis :
La France qui les a abandonné ou parqués sans droits, est la première responsable de leur malheur. Mais il est temps aussi pour les Algériens de pardonner, et de reconnaître que ceux qui ont été massacrés durant le printemps et l'été 1962, ont subi une déni de justice qui a entaché leur Révolution.

- Face à l'islamisme :
_sans l'implication des intellectuels francophones dans la bataille de la modernisation de la pensée musulmane, l'islamisme radical a de beaux jours devant lui.
_ les dialoguistes algériens ont commis l'erreur d'être parfois trop conciliants avec les islamistes pour ne con


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