Algérie

«Un réfugié ukrainien et un réfugié syrien, ce n'est pas pareil» !



Depuis quelques jours, de nombreuses télévisions occidentales passent en boucle des images poignantes de femmes et d'enfants ukrainiens fuyant la guerre dans leur pays. Toute l'Europe s'organise pour les accueillir dans la dignité et aucune voix ne s'y élève, grâce à Dieu, pour leur fermer la porte au nez. Néanmoins, certains analystes et hommes politiques ne manquent pas d'insister sur le fait que les réfugiés ukrainiens et les réfugiés syriens ou yéménites, ce n'est pas pareil ! Voici quelques extraits de leurs interventions pas très inspirées. Pour le journaliste X (très connu sur la place de Paris) : «On voit bien ce que les Ukrainiens fuient et il n'est pas question de dire : est-ce que vous êtes vraiment des réfugiés ' Ce sont des Européens de culture, même si on n'est pas dans l'Union européenne, on est avec une population très proche, très voisine. Nous ne sommes pas face à des migrants qui vont passer dans une logique d'immigration». Le commentateur Y renchérit : «On ne parle pas, là, de réfugiés syriens qui fuient les bombardements du régime syrien soutenu par Vladimir Poutine. On parle d'Européens qui partent avec leurs voitures qui ressemblent à nos voitures». Un homme politique non identifié mais apparemment d'extrême droite ne craint pas, quant à lui, de déclarer : «Il y a, encore une fois, une différence entre des Ukrainiens qui appartiennent à notre espace civilisationnel, avec des populations qui appartiennent à d'autres civilisations». Enfin, dernier exemple, celui d'un hurluberlu qui vocifère en anglais, à partir des Etats-Unis : «L'Ukraine, ce n'est pas un endroit, sauf votre respect, comme l'Irak ou l'Afghanistan qui ont vu les conflits faire rage depuis des décennies.C'est un endroit relativement civilisé... euh... relativement européen». Ah bon, Messieurs ' Naïfs, nous voulions désespérément croire, en dépit de la tragique réalité, que toutes les détresses du monde se ressemblaient et que rien ne se rapprochait autant des larmes d'un enfant ukrainien que les larmes d'un enfant syrien ou yéménite et que les larmes de tous les enfants du monde étaient pareilles. Mais vraisemblablement, le vieux réflexe colonial égocentrique et xénophobe n'est pas mort. En 1950, le grand poète martiniquais Aimé Césaire faisait cette remarque impitoyable dans son essai intitulé «Discours sur le colonialisme» : «Le très distingué humaniste européen porte en lui un Hitler qui s'ignore. Ce qu'il ne pardonne pas à Hitler ce n'est pas le crime en soi mais l'application aux blancs de procédés dont ne relevaient jusqu'ici que l'arabe d'Algérie, le coolie de l'Inde, le nègre d'Afrique». Ces derniers l'ont très bien compris depuis au moins une éternité : ils savent qu'à part eux-mêmes, personne ne viendra sécher les larmes de leurs enfants !


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