Algérie

Un réel changement ne se résume pas à une image



Un réel changement ne se résume pas à une image

Le changement de quelques têtes et le transfert de certaines missions ne peuvent être les seuls gages d'un changementde système de gouvernance.L'apparition publique, cette semaine, du nouveau patron du Département du renseignement et de la sécurité (DRS) a donné lieu à des commentaires et réactions. Une sortie voulue comme une preuve, dit-on, d'un changement de «style» par rapport à l'ancien patron de cette institution qui fait beaucoup parler d'elle ces derniers temps.Il se trouve toutefois que l'Algérie et les Algériens ne sont pas demandeurs d'un changement de «style», mais d'un changement réel des pratiques et de système. Il n'est un secret pour personne que ce département, héritier de la tristement célèbre Sécurité militaire (SM) dont la seule prononciation des initiales pouvait valoir à toute personne lambda un séjour au «chaud» pour ne pas dire cachot, n'est pas connu que pour sa seule mission de sécuriser le pays. Tout au long de sa vie, ce service, né d'ailleurs d'une «restructuration» d'abord du MALG, puis de la SM, a été intimement lié à la confection et au façonnage du fait politique, rythmant chacun de ses mouvements et souffles.Ce puissant instrument de la régulation de la parole publique et bras armé du système autoritaire traîne une réputation de police politique servant l'arbitraire et le fait du prince. Est-on réellement entré dans une nouvelle ère où le Département du renseignement et de la sécurité retournerait aux missions que lui confèrent la loi et le droit sans abus ni dépassement de prérogatives ' Est-ce réellement l'Etat civil tant réclamé qui est en train de se mettre en place ' Il y a de quoi douter !Les changements de quelques têtes et le transfert de certaines missions ne peuvent être les seuls gages d'un changement de système de gouvernance. L'opacité dans laquelle ces décisions sont prises renvoie aux rafistolages ayant touché par le passé à la maison du renseignement, notamment celle ayant été à l'origine du changement du sigle de SM vers DRS. L'Etat civil se construit dans la concertation avec toutes les composantes de la société algérienne et ne peut pas relever des convulsions internes du système.Les luttes de clans et le réaménagement des centres de décision au sein du cercle des décideurs n'ont jamais enfanté d'une démocratie, nous avons d'ailleurs eu à le constater au fil de l'histoire. Les nombreuses restrictions des libertés et atteintes aux droits des militants sont autant de preuves quotidiennes que les pratiques de police politique demeurent.Lorsque l'on empêche l'opposition de manifester, les associations d'activer et de se réunir, lorsque l'on utilise la justice comme moyen de pression et de menace contre les militants associatifs et qu'on ferme l'espace public à la libre expression, il est difficile de voir briller l'horizon démocratique. On ne peut vendre un rafistolage sous le jour d'un changement, comme on ne peut continuer à décider de l'avenir d'un pays dans une forteresse qui s'éloigne de plus en plus des attentes populaires. Dans sa pièce Beaucoup de bruit pour rien, Shakespeare faisait dire à un de ses personnages : «Avant de narguer les autres à coups de vieilles formules, faites votre examen de conscience.» A bon entendeur?




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