Algérie

Un rappeur condamné à un an de prison pour insulte à la police



Le rappeur marocain Gnawi, coauteur d'un titre polémique qui cumule 15 millions de vues sur Youtube, a été condamné lundi à un an de prison pour «outrage à fonctionnaire public». «Je suis un artiste, mon boulot c'est de défendre mes droits et les droits du peuple, ce n'est pas la première fois que je subis une humiliation de la police. Depuis que je suis né, je ne cesse de subir des humiliations», a-t-il lancé pour sa défense devant le tribunal de Salé. Selon son avocat, le rappeur de 31 ans est avant tout poursuivi pour son dernier titre, Aach al chaab (Vive le peuple). La chanson reprend des slogans scandés dans les stades, dénonce «l'injustice» et «l'accaparement des richesses», en écho au malaise de la jeunesse marocaine.Surtout, les paroles attaquent directement le roi, ce qui constitue, selon les médias locaux, un franchissement très net de ce qu'on appelle au Maroc les «lignes rouges».
Gnawi a cependant reconnu lors de l'audience avoir insulté la police dans une vidéo «live» sur son compte Instagram, en expliquant qu'il venait de «subir une humiliation» lors d'un contrôle policier. Pour sa part, le représentant du parquet a brandi un CD du rappeur datant de 2014 avec un titre contenant des attaques contre la police, pour démontrer que l'accusé n'en était pas à sa première provocation. La condamnation du rappeur a été assortie d'une amende de 1 000 DH (environ 94 euros). La Direction générale de la sûreté nationale qui s'était portée partie civile a obtenu un dirham symbolique de dommages. A la sortie du tribunal de Salé, les proches de Gnawi ont scandé «Vive le peuple»! L'affaire a suscité des flots de commentaires indignés sur les réseaux sociaux. Des défenseurs des droits humains comme Amnesty International ont dénoncé une «atteinte flagrante à la liberté d'expression». Pour le ministre d'Etat en charge des Droits humains, Mustapha Ramid, le dernier titre du rappeur est «répugnant», «provocateur» et «porte atteinte aux institutions de l'Etat», comme il l'a dit lors d'une réunion au Parlement, selon des médias locaux. «La violation de la loi dans n'importe quel domaine tombe sous le coup de celle-ci», avait pour sa part estimé avant la condamnation le ministre de la Culture, Hassan Abyaba, pour qui «l'art est un moyen d'expression, pas autre chose».
En réponse, un des coauteurs du titre polémique a sorti une nouvelle chanson intitulée : «Ce qui a fait sortir Gnawi de ses gonds», qui a cumulé 600 000 vues en deux jours sur internet. «Au lieu de me réprimer, ouvre tes oreilles, je revendique le droit du peuple à l'enseignement, à la santé et au logement», dit notamment le texte.
En 2012-2013, un autre rappeur, Lhaqed, avait été condamné un an de prison pour «outrage à la police» pour un clip diffusé sur Youtube, puis à quatre mois de prison pour «ébriété sur la voie publique» en 2014.


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