Algérie

Un rappel du passé, une vision de l'avenir



Un rappel du passé, une vision de l'avenir
Il y a quelques jours, Annaba a vécu au rythme de l'événement culturel avec l'organisation par la Direction de la culture, d'un autre rendez-vous en hommage à l'historien, musicien, comédien et astrologue H'sen Derdour, décédé en 1997 à un peu plus de 80 ans.Entre nostalgie et prospection dans l'histoire, cet homme de culture a joué de l'art du contraste. Il donne l'image d'une ville d'Hippone, Bouna, Bône, Annaba exprimant, au-delà de la vision d'un centre unique, de la dualité intra-muros/extra-muros.Ses écrits restituent la structuration polynucléaire de la ville, une manière pour lui de thésauriser son héritage de la ville pour le futur sans délai. Son approche renchérit sur le nomadisme corollaire à l'histoire de la ville ayant vu passer dans ses murs plusieurs civilisations.Après avoir été balancé, balloté entre présent, passé et futur par un mouvement de glissement progressif, H'sen Derdour exprime l'idéal d'une cité faisant basculer l'imaginaire des lecteurs dans l'univers transfiguré du conte. Dans les deux tomes qu'il a écrits, «Annaba 25 siècles de vie quotidienne et de luttes », il a survolé le temps. Il a ainsi tenté d'arriver à la source des différentes et nombreuses révolutions entamées par le peuple algérien.Président de l'association «El Mizhar El Bouni» des années 1930 jusqu'en 1962, il fut à l'origine de plusieurs opérettes et pièces engagées. Elles lui valurent des séjours dans les geôles de l'occupant français durant la guerre de libération. Dans le lot, figurent «Taous E'dhlila» (1937), «Crime du bossu» (1939), «Ya Khali» (1939) et «Erhil» (1940). Après des études en Algérie puis en Tunisie, à Djamaâ Zitouna et à Paris (France), il revient s'installer à Annaba pour prendre la direction du théâtre d'Annaba des lendemains de l'indépendance.Sa ville l'a tellement inspiré qu'il a voulu en faire un chant éternel d'un espace ouvert, ville-lieu-monde lestée d'un passé réel et imaginaire, d'une portée incantatoire immémoriale. Il s'en ira domestiquer les notes de musique malouf. Il en sortira de nombreuses ?uvres dont «le malouf, ses composants et compagnons de route», «L'épopée de Si M'Hammed Oul El Kourd», «La monographie des sites historiques de Annaba » et «L'épopée de deux idéalistes au service de la liberté et de l'indépendance Badji Mokhtar et Mohamed Bensadok».H'Sen Derdour dépeint de manière sobre, précise et parfois altière le prototype des anciens gestionnaires de la ville de Sidi Brahim plusieurs siècles avant et après St Augustin. Très subtil, il a abordé la question des pacifiques sans-voix. C'est-à-dire celle des indigènes qui, durant 132 ans, n'avaient pas cessé de se rebiffer et face à l'incompréhension prendre les armes et combattre l'occupant français. Dans son énonciation des péripéties spécifiques à l'histoire de cette région riche de ses us et coutumes, de son identité, il nous amène à participer à l'édification d'une Algérie forte.«Annaba 25 siècles de vie quotidienne et de luttes», c'est aussi, pour H'sen Derdour, la filiation d'une poésie vive, attentive à la vibration de la cité dont il retrace la gestation d'un poème fait d'une constellation d'images. Il s'est rapidement mis à apprivoiser Hippone, Bouna, Bône, Annaba. Mais il n'y a pas que les 25 siècles de vie quotidienne où il s'est ressourcé. Ses pérégrinations littéraires lui ont valu beaucoup d'idées.Telles celles qui ont donné naissance à : «Le Malouf, ses composantes et compagnons de route», ?uvre publiée bien des années après son décès. On a l'impression que la voix de H'sen Derdour porte loin, très loin dans le lointain passé et l'avenir lointain. Sa rédaction sous entendant d'une oralité intermittente alterne avec une poésie de la pensée appelant à l'exercice du regard comme acte libérateur.De là ressurgissent les éléments disparates d'un passé reconstitué et revisité. H'Sen Derdour déroule le kaléidoscope de flashs d'apparence pittoresque, parfois teintés de nostalgie, celle du présent et à venir. L'historien assouplit les lignes au point de frôler la prose et le style de la conversation. Pour ce faire, il déconstruit la syntaxe, frôle délibérément l'hermétisme, multiplie les allusions implicites à l'histoire, la légende, la mythologie... pour une violente réception à même de soustraire l'image de la ville à l'encrassement des clichés.H'Sen Derdour reteint une mémoire de misère et de lumière de la beauté des couleurs. Il évoque le souvenir de « sa ville » au travers de ses pérégrinations dans l'histoire étalée sur 25 siècles. Il en résulte comme un diptyque : ville intra-muros/ville extra-muros, ville d'hier/ville de demain, ville réelle/ville rêvée.




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