Algérie

Un Ramadhan frappé du sceau du Hirak



C'est la première fois depuis au moins deux décennies que cet événement, un des cinq piliers de l'islam, célébré par la communauté musulmane à travers le monde, n'occupe pas le devant de la scène.Les événements imposent l'actualité. En ce qui concerne l'Algérie, c'est l'imbroglio politique auquel elle fait face depuis que l'ex-président de la République a démissionné qui domine. La crise est encore loin de connaître son dénouement. Le Hirak qui a pris naissance le 22 février à travers des marches pacifiques n'a pas encore vu ses revendications satisfaites. Le chef de l'Etat par intérim, Abdelkader Bensalah et l'actuel gouvernement dont il réclame le départ sont toujours là. Une issue politique, qui doit faire sauter le verrou de l'article 102 de la Constitution tarde à se dessiner. Ce sont là les ingrédients dont on doit s'habituer et qui vont donner certainement un goût particulier au mois sacré que nous accueilleront dans une dizaine de jours. C'est la première fois depuis au moins deux décennies que cet événement, un des cinq piliers de l'islam, célébré par la communauté musulmane à travers le monde n'occupe pas le devant de la scène. Il est frappé cette année du sceau du Hirak. La traditionnelle question de la flambée des prix qui caractérise cette période qui rythme la vie de nos concitoyens, une fois par an, n'est pas sur toutes les lèvres. Elle n'est, du moins, pas évoquée avec autant de vigueur au point d'en faire une des préoccupations majeures des ménages dont le porte-monnaie est mis à rude épreuve, de façon particulière, notamment durant les premiers jours de ce mois béni. Ce n'est certainement pas parce qu'elle n'occupe pas les esprits, mais la situation politique que traverse le pays est devenue une préoccupation de premier plan au point de la reléguer à une étape annuelle traversée par les Algériens qui, de toutes les manières n'hypothèquent pas leur avenir. Quand bien même aura-t-elle impacté leur pouvoir d'achat. L'essentiel est ailleurs semblent-ils dire.
Une position sur laquelle se sont alignés les médias pourtant friands des déclarations des pouvoirs publics qui ont pris pour habitude de rassurer les consommateurs sur l'approvisionnement des marchés des fruits et légumes, de la disponibilité des viandes blanches ou rouges en procédant à des importations massives en cette période exceptionnelle, pour répondre à une demande tout aussi forte durant le mois sacré qui est aussi synonyme de dépenses extrêmes. Ce n'est pourtant pas la première fois que l'Algérie s'apprête à observer la période de jeûne pendant une période d'incertitude politique. Ce fut le cas au début des années 1990 lorsque le président de l'époque fut poussé à la démission. Une situation qui débouchera sur la décennie noire. Une période qui n'a rien de comparable par rapport à celle vécue aujourd'hui ni sur le point de vue politique ni sur le plan économique. L'Algérie faisait face à ce moment-là à un terrorisme barbare et sanglant, à une crise économique féroce, avec un baril de pétrole à 10 dollars à peine, une dette extérieure qui l'a fait passer sous les fourches Caudines du FMI. Aujourd'hui, le pays qui a retrouvé sa stabilité vit certes une grave crise financière. Sauf que les prix du pétrole qui ont dégringolé ont repris du poil de la bête, plus de 73 dollars hier pour le brut, alors qu'il dispose de réserves de changes confortables, plus de 79 milliards de dollars en janvier. Ce qui constitue un pare-feu appréciable pour l'avenir. Même si cette conjoncture met quelque peu sous l'éteignoir les incontournables réflexes propres au Ramadhan, il n'est pas exclu qu'ils se remettent en place tout à fait naturellement. Le Hirak devra s'accommoder des tarawih, prières surérogatoires quotidiennes accomplies en soirée, après la prière d'Al Icha. Des sorties familiales, des spectacles de musique organisés pour la circonstance et des parties acharnées de dominos qui se tiennent au pied des immeubles ou dans les jardins publics. Autant de paramètres qui donneront libre cours aux capacités d'adaptation de cette «révolution joyeuse» qui n'a pas son égal dans le monde.


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