Algérie

Un projet à soutenir



Un projet à soutenir
L'ex-Fort national, perché à plus de 900 m d'altitude, n'échappe plus aux désagréments des embouteillages. Naguère, on peinait à trouver un stationnement seulement le mercredi, jour de marché hebdomadaire. De nos jours, dans la ville bâtie tout en pentes, garer sa voiture n'est plus un exercice aisé. Cela ne semble pas être le souci d'Amirouche Malek qui veut plutôt secouer la torpeur d'une ville où l'activité culturelle est réduite à sa plus simple expression. Le festival en l'honneur et à la mémoire du barde quasi légendaire, Si Muhend Oumhand, un enfant de la tribu, n'existe plus. On célèbre de moins en moins le souvenir d'artistes comme Cheikh Nourreddine, Zohra ou Ahcene Mezzani, nés chacun dans un des villages coiffant les innombrables crêtes. Un peu seul contre tous, Amirouche fait partie de ces jeunes dont la silhouette est encore familière dans toutes les manifestations. Il ne baisse pas les bras. On le retrouve dans les foires du livre en quête perpétuelle d'invités. Il a fini par approcher presque tous ceux qui écrivent et éditent. Depuis deux ou trois ans, il anime un café littéraire à Tizi Ouzou où sont passées des personnes aussi différentes que Slimane Medhar, le sociologue, qui s'intéresse à la violence sociale et Nourredine Saoudi, le féru de musique andalouse. Il a réussi même la prouesse de ramener Mme Zohra Drif et Evelyne Lavalette à Larbaa Nath Irathen où elles ont débattu avec le public. Il s'apprête bientôt à nous gratifier d'un documentaire sur Mme Djohra Amhis qui continue son patient travail de vulgarisation des écrits d'auteurs algériens. Retraitée de l'enseignement depuis 1980, elle consacre son temps à promouvoir nos auteurs par des livres à portée pédagogique. Elle s'est intéressée autant aux écrits de Mammeri, Taos Amrouche Dib que Malek Ouary. Son dernier livre a été consacré à Benhadouga dont elle présente toutes les ?uvres. La vénérable dame était là, entourée d'affection. « Votre jour n'est jamais maussade, vous exhalez le bonheur et vous respirez la tranquillité » dira à son adresse, dans un élan lyrique, Kamel Bouchama, dont, par un échange de bons procédés, elle présentera le dernier livre « Lettre à René » qui se veut une réplique cinglante aux défenseurs de la loi de février 2003 qui glorifiait les prétendus bienfaits de la colonisation.Le poids de l'histoireJuste en face de la statue d'Abane Ramdane, érigée en face de la bibliothèque communale, Amirouche Malek, sans l'enthousiasme d'édiles locaux, qui, en pareille circonstance, aurait dû se manifester avec plus d'empressement et d'entrain, a réussi l'exploit de réunir des écrivains, des amoureux de l'écriture. L'infrastructure, qui gagnerait à être mieux entretenue, s'y prête peu à la tenue d'une manifestation qui affiche une telle ambition. Printemps du livre ' Cela peut sembler pompeux, mais l'initiative dans le désert culturel depuis que les associations culturelles ont périclité mérite d'être encouragée. Hachemi Assad, le secrétaire général du HCA, présent à la séance d'ouverture, en même temps que le directeur de la culture, M. Ould Ali, a, d'ailleurs, promis « de soutenir davantage » et formulé le v?u de voir « l'activité s'ériger dans un proche avenir en salon du livre ».La première journée a été marquée par des évocations historiques. Peut-il en être autrement dans « cette petite localité qui a une grande histoire » ' pour reprendre les mots de Daho Djerbal qui a rappelé le rôle des émigrés de cette région. Certains furent, à l'image de Belkacem Radjef, des responsables de premier ordre de l'Etoile nord africaine. D'autres, à l'image de Abane, de Mohamedi Said ou d'Ahcene Mahiouz, ont joué un rôle important au cours de la guerre de libration. Pas trop loin, Fatma Nsoumeur avait livré des batailles comme celle d'Icherridene contre le corps expéditionnaire français. M. Djerbal s'est dit satisfait d'être souvent invité dans la région de Kabylie, plus qu'ailleurs. « La soif de connaître est très palpable et l'écoute, l'intérêt, existent » nous confie-t-il. C'est un peu le même sentiment qu'exprime l'ex-ministre, Kamel Bouchama, qui a expliqué, en se référant à ses écrits, à l'assistance, que l'histoire de l'Algérie ne peut se réduire à la période de la guerre de libération. « Elle plonge ses racines dans les périodes les plus reculées de l'histoire et nos ancêtres ont contribué à l'essor de l'humanité » a-t-il soutenu. L'ex-ministre des Sports, dont les livres étaient exposés aux côtés de ceux de Daho Djerbal, de Abdelkader Yefsah et de nombreux titres des éditions Barzakh, citera, pèle-mêle, Juba 2, Chachnak, Saint Augustin, des pages glorieuses de l'Andalousie musulmane et de la lutte contre les croisés. Le débat s'est focalisé sur l'écriture de l'histoire et les dangers de sa manipulation et de l'occultation. La journée s'est achevée avec le récit vivant et émouvant d'Annie Steiner qui a rappelé ses premières années d'engagement dans la guerre de libération, ses multiples expériences carcérales après son arrestation en octobre 1956. Daho Djerbal a présenté, de son côté, les grandes lignes de son livre consacré à l'organisation spéciale du FLN en France paru l'an dernier. Hier, jour de clôture, des auteurs, dont les travaux ont un caractère littéraire plus affirmé, comme Leila Hamoutene, Mohamed Magani ou Mohamed Attaf, sont annoncés pour des tables rondes et des ventes dédicaces.




Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)