Algérie

Un programme unique pour chasser les kilos en trop



Un programme unique pour chasser les kilos en trop
Sabrina, Yasmine et Aïcha ont un point commun. Cinq fois par semaine, elles se retrouvent pour courir, sauter et transpirer. Un programme (exercices et régime alimentaire) gratuit et unique en Algérie, imaginé par l'ancienne championne d'athlétisme Samia Ameur.
«Je ne supportais plus de me voir dans une glace.» Sabrina, 45 ans, mère au foyer et maman de deux petites filles, a trouvé dans son reflet la force d'être là ce matin, dès 8h30, au stade de Staoueli. «Après la naissance de mon deuxième enfant, j'ai perdu tout contrôle sur mon corps. Je l'ai abandonné et cela m'a été fatal. Aujourd'hui, je pèse 110 kilos, alors que je devrais en peser 80'» Regroupées devant la petite porte qui donne accès au stade, une quarantaine de femmes attendent l'arrivée du coach. Mères au foyer, cadres d'entreprise, enseignantes, elles ont décidé de reprendre en main leur corps et de se faire violence en acceptant de suivre un programme sportif et un régime alimentaire personnalisé pendant 111 jours.
Un programme unique en Algérie, lancé en 2011 par Samia Ameur, ancienne sportive des années 90. Aujourd'hui architecte et conseillère en sport, la championne d'athlétisme a vu son corps subir les transformations que connaissent tous les sportifs de haut niveau, une fois qu'ils décident de mettre un terme à leur carrière. Très vite, celle qui affichait fièrement un corps filiforme sur les pistes d'athlétisme lors des championnats d'Algérie, a dû apprendre à ruser pour cacher les kilos superflus. «A partir de mon expérience personnelle, j'ai décidé d'aider les femmes en difficulté à partir d'un programme que j'ai suivi à Abu Dhabi, lors d'une formation sur l'obésité, explique Samia. Je sais ce que vivent ces femmes parce que je l'ai vécu aussi. C'est pour cela que j'ai décidé de créer cette association qui applique un programme sportif mais aussi un régime alimentaire, avec l'aide d'une nutritionniste.»
«Batolis»
En survêtement, la tête recouverte d'un foulard de couleur pour la plupart d'entre elles, les courageuses candidates du programme se retrouvent cinq fois par semaine. Certaines assument leur corps et ne portent qu'un simple tee-shirt qui laisse transparaître les kilos superflus. D'autres tentent de cacher leur surpoids, en portant d'amples tuniques par-dessus leur survêtement. La journée commence donc par une longue séance de footing. Sous un soleil qui commence à poindre, elles enchaînent les tours de piste à perdre haleine. Au bout d'une vingtaine de minutes, les premiers signes de fatigue se font sentir. Les organismes sont plus lourds et les foulées plus lentes. Première conséquence : celles qui viennent de commencer le programme sont rapidement à la traîne. Elles terminent l'exercice en trottinant ou en marchant, mais pour rien au monde, elles ne renonceront. «Pour perdre du poids, il faut faire du sport et équilibrer sa nourriture», martèle Samia Ameur. Sans aide financière de la part de l'APC de Zéralda, qui a consenti ' après de nombreuses hésitations ' à mettre à la disposition de l'association sportive de lutte contre l'obésité le stade de Staoueli, la jeune femme a tenu à ce que le programme soit gratuit. «La gratuité du programme me paraissait essentiel pour toucher toutes les couches de la société, explique-t-elle. La grande majorité des femmes qui assistent au programme ne sont pas en mesure de s'offrir des séances payantes, c'est pour cela que nous leur demandons de payer que les 600 DA de l'assurance.»
En pleurs
Les femmes ont juste le temps de reprendre leur souffle et de se désaltérer avant de rejoindre une immense salle aux fenêtres défoncées, à la peinture écaillée, où quelques affiches de combats d'arts martiaux tentent d'égailler la vétusté du lieu. Les vestiaires sont délabrés, sans douches ni commodités, et les femmes sont contraintes d'utiliser les sanitaires qui se trouvent à l'extérieur de la salle. L'heure qui suit, elles vont entamer la deuxième phase du programme : exercices physiques. Enchaînement de mouvements. Assouplissements et étirements au sol. A la fin de la séance, elles se regroupent au centre de la salle pour souffler. Dernière étape de la journée : la pesée. Le groupe rejoint une autre salle située au fond de la cour. Des poids, des haltères, des barres jonchent le sol. Nous sommes dans l'antre du culturisme. C'est ici que les haltérophiles s'entraînent. Au milieu de la salle trône un vieux pèse-personne professionnel à curseur pour la pesée des athlètes. Le groupe rejoint le fond de la pièce, près du mur, et attend. Moment délicat où les femmes vont découvrir si tous les efforts et les privations consentis ont eu une incidence sur leur poids. «C'est une étape importante que beaucoup de femmes vivent très mal, souligne Samia. Très souvent, elles remettent en cause la fiabilité de la balance quand elles constatent qu'elles n'ont pas perdu assez de poids. Beaucoup s'effondrent en pleurs. Il faut trouver les mots pour les remobiliser, pour ne pas qu'elles décrochent.»
Association de lutte contre l'obésité : 0791 290 211




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