Algérie

Un processus sous haute surveillance


Des raisons d'être satisfaits, il y en a.
Téhéran, empêtré par les troubles récents qui ont agité la scène politique et sociale du pays, ne s'est pas exprimé pour le moment, ce qui ne veut pas dire qu'il se désintéresse d'un enjeu syrien qu'il considère comme vital pour sa propre sécurité.
Le président russe Vladimir Poutine et son homologue turc Recep Tayyip Erdogan ont exprimé hier leur «satisfaction» au terme de la tenue du Congrès national syrien qui a eu lieu la veille dans la station balnéaire russe de Sotchi, après quelques tiraillements et le retrait bruyant d'une partie de la délégation rebelle qui entendait protester contre l'absence de son drapeau à l'aéroport où seuls étaient présents les emblèmes de la Russie et de la Syrie. Une satisfaction qui n'est pas de circonstance car les résultats, sans être vraiment à la hauteur des ambitions affichées, existent bel et bien même si les représentants des groupes rebelles paraissaient instruits par avance de la nécessité de compromettre par tous les moyens le déroulement du Congrès.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan, tout à la joie de son intervention militaire dans le nord-ouest de la Syrie et plus précisément à Afrine pour déloger les éléments des YPG kurdes, a partagé avec le président Vladimir Poutine cette conviction selon laquelle les «résultats du Congrès du dialogue national syrien sont satisfaisants». Dans la foulée, ils ont tous deux convenu de «l'importance de mettre en place les accords obtenus lors de cette réunion entre représentants de la société civile et politique syrienne, qui visent à faire avancer de manière efficace le processus du règlement politique en Syrie». MM.Poutine et Erdogan ont également abordé les questions liées à «la coordination ultérieure des efforts de la Russie et la Turquie en vue d'assurer un fonctionnement stable des zones de désescalade» mises en place en Syrie, l'année dernière, à l'issue des négociations de paix d'Astana, parrainées par Moscou et Téhéran, alliés de Damas, et Ankara, soutien des rebelles syriens. Téhéran, empêtré par les troubles récents qui ont agité la scène politique et sociale du pays, ne s'est pas exprimé pour le moment, ce qui ne veut pas dire qu'il se désintéresse d'un enjeu syrien qu'il considère comme vital pour sa propre sécurité.
Les capitales occidentales ont suivi avec une attention extrême ce rendez-vous boudé par les «principaux groupes d'opposition syrienne», à savoir les factions extrémistes telles que Fateh al Cham, ex al Nosra, branche syrienne d'Al Qaïda qui a réussi à mettre sous son joug toutes les autres mouvances et règne sans partage dans la région d'Idlib où elle fait face à une offensive de grande envergure de l'armée syrienne. Reste la partie kurde, embourbée dans le conflit ouvert par Ankara qui a envoyé ses troupes à Afrine et s'est même aventuré hier dans la région d'Alep, obligeant du même coup l'armée syrienne à riposter pour lui barrer le chemin d'une invasion tacite.
Les représentants des organisations kurdes, YPG et FDS, ont fait appel à Damas pour les protéger contre l'offensive militaire turque, mais sans pour autant faire la moindre concession sur leur projet d'autonomie. Quant à leur allié américain, moteur de la coalition internationale dans la région, il s'est contenté d'appeler la Turquie à la «retenue» tout en accompagnant son appel d'une mise en garde contre toute velléité de conquête d'une partie de la Syrie. Curieusement, un autre appel en ce sens est venu de la France où le président Emmanuel Macron a lui aussi averti Ankara contre toute volonté d'invasion. Dans un entretien accordé hier au quotidien Le Figaro, il déclare: «S'il s'avérait que cette opération devait prendre un autre tour qu'une action pour lutter contre un potentiel terroriste menaçant la frontière turque et que c'était une opération d'invasion, à ce moment, cette opération nous pose un problème réel.» A croire que le sort de la Syrie en tant qu'Etat souverain préoccupe au plus haut point les uns et les autres, alors que tous semblent d'accord pour en confirmer le dépeçage suivant la règle du «qui n'est pas avec moi est forcément contre moi». Pour en revenir à la réunion de Sotchi, elle a beau être boudée par les factions extrémistes dont l'identité syrienne reste à vérifier, sachant que nombre de groupes dits «rebelles» sont en fait les créations des puissances régionales et internationales au gré de leurs intérêts plus ou moins convergents, il n'en demeure pas moins qu'elle constitue l'ultime cadre d'une concertation basique grâce à laquelle les zones de désescalade peuvent encore avoir droit de cité. Qu'importe qu'une partie des médias occidentaux y voient une ambiance électrique et des déclarations d'intention, l'essentiel est qu'un accord s'est dessiné en faveur de la création d'un comité chargé de la rédaction d'un projet de réforme constitutionnelle, là même où les pourparlers de Genève ont maintes fois failli. Quant aux avancées «concrètes», elles ne peuvent apparaître qu'au gré de la situation sur le terrain même des opérations militaires et là, les progrès de l'armée syrienne sont pour le moins indiscutables.
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