Algérie

Un problème de confiance à régler



"Il faut régler le problème de confiance", a insisté, hier, le vice-gouverneur de la Banque d'Algérie, qui estime qu'il appartient aux banques et au GIE Monétique de promouvoir le paiement électronique."Le problème de confiance relève du périmètre de compétence et de mission des banques", a fait savoir, hier, Mouatassem Boudiaf, vice-gouverneur de la Banque d'Algérie, lors d'une journée d'études organisée par le Cercle d'action et de réflexion autour de l'entreprise (Care), sous le thème : "Quelle finance digitale pour l'Algérie '" Le vice-gouverneur de la Banque d'Algérie a estimé qu'il faut s'interroger "sur le pourquoi du rejet" des instruments de paiement électronique en Algérie. "Les conditions de mérite de confiance ne sont pas réunies", a-t-il asséné, évoquant, entre autres, la nécessité d'assurer la continuité de service à 100%. "Il faut régler le problème de confiance", a insisté Mouatassem Boudiaf. Pour ce dernier, il appartient aux banques et au GIE Monétique de promouvoir le paiement électronique.
"Le problème n'est pas celui de la bancarisation, mais un problème de bancarisation des transactions", a soutenu le vice-gouverneur de la Banque d'Algérie. Chiffre à l'appui, Mouatassem Boudiaf relève l'existence de près de 23 millions de comptes au niveau d'Algérie Poste, de 14 millions de comptes au niveau des banques et une dizaine de millions de cartes. "Ce n'est pas pour autant que nous avons suffisamment de transactions", a-t-il déploré. Selon le président du GIE Monétique, Madjid Messaoudène, le taux de bancarisation est évalué à 44%.
Le nombre de cartes interbancaires en circulation avoisine les 11 millions. Cependant, a révélé le président du GIE Monétique, 30% à 40% seulement de cartes sont utilisées par les porteurs. Et 90% des cartes sont utilisées pour des opérations de retrait. À peine 5 à 6% de cartes sont employées pour des opérations de paiement. Madjid Messaoudène a évoqué plusieurs raisons pour expliquer ce faible développement du paiement électronique.
Il a pointé, entre autres, la réticence des commerçants. Sur un potentiel de 800 000 commerçants, 40 000 seulement sont dotés de terminaux de paiement électronique. Le président du GIE Monétique a estimé que la sphère publique peut créer un effet d'entraînement. La monnaie électronique pourrait être un modèle particulièrement efficace pour l'Algérie comme tremplin pour la digitalisation des services financiers.
La monnaie électronique est aussi un socle nécessaire au déploiement de toute une gamme de services financiers numériques. La Banque d'Algérie a indiqué, dans son dernier rapport de conjoncture, que la circulation fiduciaire hors banques a continué sa croissance durant le premier semestre de 2021, passant de 6 138,3 milliards de dinars à fin décembre 2020 à 6 519,7 milliards de dinars à fin juin 2021, soit 6,21% de hausse. Cependant, comme l'a rappelé, à juste titre, l'économiste Rachid Sekkak, l'avènement de la monnaie électronique suppose des évolutions réglementaires, notamment en matière de loi bancaire, et du cadre institutionnel, par l'émergence de nouveaux acteurs financiers. Des aspects qui, semble-t-il, sont pris en charge par la Banque d'Algérie dans l'avant-projet d'amendement de l'ordonnance relative à la monnaie et au crédit. "La Banque d'Algérie est résolument tournée vers une digitalisation massive, que ce soit en interne ou en externe", a assuré Mouatassem Boudiaf. "La loi sur la monnaie et le crédit est en chantier", a annoncé le vice-gouverneur de la Banque d'Algérie, laissant entendre que la finance digitale occupe une bonne place dans cette réforme.
"Il y a plein de segments sur lesquels il est prévu d'apporter des amendements pour permettre de libérer pas mal d'initiatives", a-t-il révélé. Mouatassem Boudiaf a évoqué l'ouverture en faveur de nouveaux acteurs, entre autres des prestataires de services de paiement (PSP). Mais pour les établissements d'émission, la question n'est pas à l'ordre du jour. L'émission de monnaie étant du ressort exclusif de la Banque d'Algérie.
Le vice-président de la Banque d'Algérie indique que la loi sur la monnaie et le crédit, en vigueur dans son premier livre, s'exprime d'une manière précise sur la monnaie. Elle est circonscrite à l'aspect fiduciaire. Mouatassem Boudiaf a souligné la détermination de la Banque d'Algérie d'apporter l'encrage juridique et réglementaire pour l'ouverture. Mais, a-t-il précisé, l'ouverture devrait se faire d'une manière progressive. Il a insisté sur des principes sur lesquels, la Banque centrale ne pourra pas déroger.

Meziane Rabhi


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