Algérie

«Un prince parmi les saints»



Le nom de l'Emir Abdelkader reste associé à la naissance de l'Algérie contemporaine. Le farouche combat qu'il a livré à la colonisation française, les revers qu'il a fait subir à son armée, ses efforts pour tenter d'unifier le pays extrêmement divisé pour s'opposer efficacement contre les envahisseurs, lui ont conféré le statut de fondateur de l'Etat algérien. Il harcèlera sans relâche les forces d'occupation françaises dès le début de la colonisation, en 1831 lorsqu'elles débarqueront à l'Ouest du pays. C'est à ce moment-là qu'Abdelkader apparaît au premier plan. Lors d'une réunion des tribus de l'Ouest, à l'automne de 1832 il est proclamé Emir. Il n'a que 24 ans. En un an, grâce à une combinaison de raids punitifs et de politique prudente, Abdelkader réussit à unir les tribus de la région, et à rétablir la sécurité. Sa zone d'influence couvre désormais toute la province d'Oran. Le général français Louis Alexis Desmichels, commandant en chef local, voit Abdelkader comme le représentant principal de la région pendant les négociations de paix et, en 1834, il signe un traité qui cède presque complètement le contrôle de la province d'Oran à Abdelkader. Ce qui contribue à étendre sa notoriété à d'autres régions du pays qui se soulèveront plus tard. Le soulèvement de 1871, notamment en Kabylie où d'autres résistants à l'occupation française à l'instar de Cheikh Ahmed El-Mokrani, Cheikh Ahaddad...joueront un rôle de premier plan. L'engagement, la détermination de l'Emir à livrer un combat sans merci contre l'envahisseur ne l'empêchera pas de continuer à cultiver son statut d'homme de culture, certes, profondément croyant, mais surtout d'humaniste. Il se consacrera à l'approfondir lorsque sa reddition sera actée le 21 décembre 1847. Abdelkader, sa famille et ses fidèles furent détenus en France d'abord à Toulon, puis à Pau avant d'être transférés en novembre 1948 au château d'Amboise. Il sera libéré et s'exilera à Damas en 1855 où il affichera ses grandes valeurs humaines. En juillet 1860, le conflit entre les Druzes et les maronites du Mont Liban s'étend à Damas, et les Druzes locaux attaquent le quartier chrétien, tuant plus de 3 000 personnes. Abdelkader prévient auparavant le Consul de France ainsi que le concile de Damas que la violence est imminente. Quand le conflit a finalement éclaté, il abrite un grand nombre de chrétiens, y compris les chefs de plusieurs consulats étrangers ainsi que des groupes religieux tels que les soeurs de la Miséricorde dans sa maison, en sécurité. Ses fils aînés sont envoyés dans les rues pour offrir à tous les chrétiens un abri contre la menace, sous sa protection, et il est dit par beaucoup de survivants, qu'Abdelkader lui-même a joué un rôle essentiel dans leur sauvetage, rapporte le site Wikipédia. «Nous étions consternés, nous étions tous convaincus que notre dernière heure était arrivée. Dans cette attente de la mort, dans ces moments d'angoisse indescriptibles, le ciel nous a envoyé un sauveur! Abd el-Kader est apparu, entouré de ses Algériens, une quarantaine d'entre eux. Il était à cheval et sans armoiries: sa belle figure calme et imposante contrastait étrangement avec le bruit et le désordre qui régnaient partout» indiquera un témoignage de l'époque cité par l'ex-quotidien monarchiste Le Siècle du 2 août 1869. «L'Emir Abdelkader, fondateur de l'Etat algérien contemporain, était un résistant chevaleresque à l'invasion coloniale, mais aussi et surtout un grand savant, croyant, fondateur du dialogue inter-religieux, soufi, poète et pionnier du droit humanitaire et des droits de l'homme», a fait remarquer, le 26 mai 2021 dans une déclaration à l'APS, la secrétaire générale de la Fondation Emir Abdelkader, Zohour Assia Boutaleb précisant que ces valeurs lui ont valu des témoignages d'intérêt et reconnaissances sans cesse renouvelés. Les valeurs d'humanisme qu'incarnait l'Emir Abdelkader ont ainsi été reconnues par les plus grands dignitaires et hommes d'Etat de cette époque à l'image du président Abraham Lincoln, de la reine Victoria, de Napoléon III, du sultan Abdulmejid I et du tsar Alexandre II, qui lui ont décerné des décorations et autres honneurs, est-il souligné. Né le 6 septembre 1808 à El Guettana dans la wilaya de Mascara, l'Emir décédera le 26 mai 1883 à Damas, en Syrie.


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