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Un premier abattoir 100% halalFrance-actu : les autres articles



Un premier abattoir 100% halalFrance-actu : les autres articles
A Guéret, dans la Creuse, une vive opposition se développe contre la création d'un abattoir musulman. Raison invoquée : la souffrance animale.Lyon / De notre correspondant
Branle-bas de combat à Guéret contre le premier grand projet en France, voire en Europe, de création d'un abattoir industriel halal. Les habitants de cette petite localité se sont opposés, dès l'annonce de la société SAS Sovilim, à la création de cet abattoir exclusivement rituel, avec l'appui de la collectivité locale. La montée en puissance du collectif «Campagne nationale et européenne contre l'abattage sans étourdissement», connu sous l'acronyme Narg s'est faite rapidement, non seulement par le bouche à oreille local, mais surtout grâce à Internet.
Deux pétitions mises sur la Toile ont recueilli des milliers de signatures à travers le monde. Ils l'écrivent d'ailleurs clairement : «Nous ne parviendrons à obtenir l'abandon de ce projet que si les citoyens de France entière et d'Europe se mobilisent ».
Le collectif Narg ne prétend pas pour autant interférer dans le culte musulman : «Nous sommes parfaitement conscients de la polémique actuelle qu'engendre ce dossier sensible. Précisément, dans le projet d'abattoir rituel, à Guéret, nous refusons l'absence d'étourdissement préalable durant l'abattage des animaux». Cependant, les réseaux d'extrême-droite, et notamment ceux du Front national, n'ont pas tardé à rejoindre discrètement ce front du refus.
«Faire face à l'opacité du marché halal»
Le mouvement a été mis en 'uvre dès juillet 2011, lorsque le conseil communautaire de Guéret St- Vaury a autorisé la signature d'une promesse de vente d'un terrain, entre la communauté locale et SAS Sovilim, d'une surface de 25 000 m² au prix de
16 euros le m². Les élus, en quête de la valorisation de l'important cheptel de la Creuse, avaient eu quelques difficultés à remettre en selle un abattoir traditionnel français. Or, pour les musulmans, il y a une réelle demande de «traçabilité de la viande halal, pour faire face à l'opacité du caractère halal des marchandises circulant sur le marché». Sachant que dans le département «l'élevage représente une ressource suffisante en matière de bovins et d'ovins», qui représente un intérêt économique important.
«Actuellement, le nombre de consommateurs musulmans estimé sur le territoire français est de 5 millions, ce qui représente un marché très important, sachant que selon les estimations près de 90% de cette population consomme des produits halal», écrivait le rapport du conseil communautaire. Se faisant le rapporteur des porteurs du projet d'abattoir musulman, le compte rendu de la réunion n'hésite pas à se faire l'avocat des musulmans : «Les abattoirs mixtes existants à l'heure actuelle en France doivent prouver à leurs clients qu'il n'y a jamais eu de mélange entre de la viande à caractère halal et de la viande classique. Pour cela, les abattoirs mixtes doivent faire appel à des organismes de certification et de contrôle qui s'assurent du caractère halal des produits. Cependant, pour réduire leurs coûts, ces organismes sont amenés à limiter le nombre de contrôleurs, ce qui entraîne un risque de mélange entre la viande halal et la viande non halal».
Face à cela, le collectif Narg met en avant une étude qui relevait que 70% de sondés en France refusent l'abattage rituel. «La majorité des Creusois est contre ce projet». Les opposants mettent en avant «la souffrance animale inhumaine». «Cette demande d'étourdissement signifie clairement que l'animal ne perd pas conscience lors de l'égorgement».
Un investissement de 5M' pour 50 emplois
Depuis 2011, manifestations (la dernière au début octobre 2013) et campagne par Internet se développent. En juillet dernier, Mustapha Masri, PDG de la Sovilim (Société des viandes du Limousin) a présenté son projet d'un investissement de 5 millions d'euros qui doit créer 50 emplois. «Toujours soutenus par la communauté d'agglomération, les porteurs de projets doivent convaincre d'autres partenaires institutionnels afin de boucler leur plan de financement. L'abattoir halal pourrait alors ouvrir d'ici deux ans. Ou être construit ailleurs», écrit le journal Le Populaire du Centre, en août dernier. En tout cas, relayé par la presse, le président socialiste de l'agglomération, Michel Vergnier, maire de Guéret et député de la Creuse n'en démord pas.
«Je ne sais pas de quoi je suis coupable. On peut penser ce qu'on veut de ce projet, le fait est qu'il respecte toutes les normes législatives et sanitaires. Ce n'est pas à moi de décider si l'on peut construire un abattoir halal dans ce pays, mais au préfet qui est le seul à accorder une dérogation», répond-il le 20 septembre au journal Le Monde.
Quant au promoteur, natif de Guéret, 36 ans, appuyé par de nombreux actionnaires de plusieurs régions de France, il maintient son projet : «Quand on parle avec un client qui veut de la viande halal, il demande du ''Made in France''», dit-il sur RTL. Un sujet qui n'a pas fini de faire parler.


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