Algérie

Un prélude à la Guerre de Libération



Plus d'une année avant le déclenchement de la Guerre de Libération nationale, un drapeau algérien flottait dans les rues de Paris. C'est un 14 juillet 1953. La France célébrait sa révolution. Un groupe de militants algériens, encadrés par Mohamed Boudiaf et Didouche Mourad, ont marqué l'événement à leur manière. Dans une manifestation de travailleurs organisée par la CGT française, ils ont brandi le drapeau national et marché, non pas pour la révolution française, mais en faveur de l'indépendance de l'Algérie. Six d'entre eux sont tombés en martyrs.Un épisode peu connu de l'Histoire de l'Algérie combattante que Mohamed Ghafir, de son nom de guerre, Moh Clichy, raconte dans son livre Droit d'évocation et de souvenances.
Cet ancien moudjahid, cadre dans la Fédération de France du FLN raconte qu'à l'origine de la manifestation du 14 juillet 1953, il y avait une autre date: le 23 mai 1952. En ce jour, des manifestations ont été organisées à Montélimar par le PPA-Mtld. Au moment où, en Algérie, on préparait le premier coup de feu de Novembre 1954, trois militants sont tombés en martyrs sous les balles assassines de la police française, lors de la marche qui revendiquait la libération de l'Algérie. Le journal du Mtld, Algérie Libre, avait relaté l'événement, rapporte Mohamed Ghafir dans son livre.
Ces assassinats étaient censés refroidir les militants algériens. Le système colonial avait adressé un message terrible à leur adresse. Mais un peu plus d'une année après ces événements, le même mouvement indépendantiste initie la marche dont nous commémorerons demain l'anniversaire. Il s'est donc produit, il y a 68 ans. Les observateurs de l'époque n'hésitait pas à qualifier l'intrusion algérienne dans l'Histoire de France, comme une «opération politique» très osée. Et pour cause, il était question d'une manifestation pour l'indépendance, le jour-même de la fête nationale de la France. En ce 14 juillet 1953, raconte Moh Clichy dans son livre, un défilé à la place de la Nation a été organisé par des militants syndicalistes algériens.
En se mettant dans le contexte de l'époque, on peut très aisément mesurer le courage de ces hommes et leurs convictions profondes, au moment où le Mouvement national traversait, en Algérie, une crise profonde. Six de ses militants ont été tués par la police pour avoir clamé l'indépendance de l'Algérie en brandissant le drapeau algérien. Abdelkader Draris, Larbi Daoui,
El Abdellah Bacha, Tahar Madjem, Mouhoub Illoul et Amar Tadjadit ont donc donné leurs vies pour que vive le pays. À ces martyrs et pour le devoir de mémoire, Moh Clichy précise qu'un syndicaliste français qui répond au nom de Maurice Lurot a été tué par la même police lors de cette manifestation. Ces martyrs, qui croyaient plus que tout à l'indépendance de leur pays, constituent la preuve historique que les Algériens se sont battus en Algérie et en France. Le combat a été de même intensité, puisqu'au bout il y a eu le sacrifice suprême. Bien avant 1954 et jusqu'en 1962, les Algériens vivant en France ont montré un grand courage et un patriotisme à toute épreuve.


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