Un potentiel touristique en quête d'exploitation Les sites archéologiques en Algérie

En Tunisie, et plus précisément dans la ville d'El Jem, trône le Colisée de Thysdrus, un lieu antique pour la préservation duquel les autorités tunisiennes ont débloqué un budget conséquent en vue de l'exploiter intelligemment et le rentabiliser. Abritant chaque année le Festival international de musique symphonique, le site est également ouvert aux touristes pour des visites payantes. Même pour immortaliser leurs visites, les touristes sont obligés de payer le droit de prendre des photographies. Sur le même site, de nombreuses petites échoppes sont également ouvertes aux touristes leur proposant ainsi un large choix de cadeaux et de souvenirs, cartes postales, objets artisanaux, répliques du site' Un peu plus loin, dans le même pays, la ville de Sousse a également su rentabiliser ses catacombes qui s'étendent sur plus de 5 kilomètres sous terre. Même si une petite partie seulement est ouverte aux touristes, la visite est payante et le prix du ticket est relativement assez élevé.
En Algérie, un pays qui n'a rien à envier à ses voisins du Maghreb, il existe d'innombrables sites archéologiques au potentiel touristique, indéniable. Hélas ! ces sites sont abandonnés et livrés aux aléas de la nature et ne sont guère rentabilisés. Parmi les sites merveilleux de notre pays, les grottes de Béni Add situées dans la commune d'Aïn Fezza, à 10 km à l'est de Tlemcen. Grottes souterraines qui descendent à près de 60 mètres sous terre et débouchent au Maroc, ce site patrimonial admirable est carrément abandonné par les autorités. Ouvertes aux visiteurs pour la modique somme de 30 dinars, ces grottes impressionnantes souffrent d'un laisser-aller criminel. Une entrée sale, des gobelets de café, des bouteilles d'eau, des sacs en plastique et d'autres détritus jonchent l'intérieur. Les grottes de Béni Add sont défigurées par l'incivisme des gens et le laisser-aller des autorités. Elles sont la preuve matérielle de l'absence d'une politique de gestion et de sauvegarde des sites archéologiques et culturels, algériens. À Ourit, autre commune de Tlemcen, on retrouve d'autres grottes et une chute d'eau d'une beauté naturelle à couper le souffle. Mais ce site, malgré la présence de quelques agents de sécurité, souffre également d'un abandon total. Des tags sur les parois rocailleuses des grottes, l'eau du bassin est infecte et le site est une véritable décharge d'ordures. Là aussi, aucun effort n'est entrepris pour sauvegarder le site, l'embellir et le rentabiliser pour en faire un véritable atout touristique pour la région. Malgré l'existence sur son sol de sites impressionnants tels que Djemila, Timgad, le Tombeau de la chrétienne ou encore la Casbah d'Alger, l'Algérie a un mal fou à vendre aux touristes son patrimoine. Malgré le classement de certains sites comme patrimoine, ces lieux qui respirent l'histoire du pays font face à une indifférence totale de la part des autorités et de la population, qui a également sa part de responsabilité dans l'état de dégradation avancée de ces sites.L'Algérie n'a pas su rentabiliser son immense patrimoine pour attirer les touristes. Une action qui peut se faire à partir de véritables campagnes de sensibilisation, en impliquant la société civile, par l'ouverture de petites boutiques d'artisanat, l'élaboration de guides touristiques et autres actions de promotion.
Cependant, il existe tout de même quelques initiatives indépendantes comme pour les artisans de la Casbah, véritables résistants, ou encore les vendeurs de petites répliques de sites archéologiques comme ceux de Sétif qui, pour une somme symbolique, vous cèdent des mini «Aïn El Fouara», la fontaine mythique de Setifis.

W. S.