Assis derrière un guichet de la grande poste de la Cité Emir Abdelkader, bien habillé, courtois et souriant, Si Mohamed, comme aiment l'appeler ses collègues, a accepté de s'entretenir avec nous.
«Comme tout Algérien, j'ai été recruté en 1979, en qualité d'agent de bureau au niveau de la poste de Mascara et, ce juste après avoir passé mon service militaire. Depuis cette date, je stagne au même poste», dit-il avec désolation. En ajoutant : «Après 34 ans de service, je n'ai bénéficié d'aucune promotion». Questionné sur son mode de vie, Ami Mohamed a répondu en toute fierté : «Avec mon maigre salaire, je vis autant que les autres. Car je planifie mes économies. Je gère comme il se doit toutes les dépenses afférentes au loyer, budget familial, redevances électricité et téléphone».
Au cours de notre discussion, une employée est intervenue pour nous dire : «Si Mohamed souffre de maladies chroniques dont la tension et la vue. Une situation que les usagers de la poste ignorent bien souvent. À titre d'exemple, récemment, une cliente s'est violemment emportée contre Si Mohamed qui a très mal ressenti le coup et a failli perdre conscience». À ce sujet, notre interlocuteur nous a expliqué que souvent le comportement de certains usagers est violent car ils sont de l'autre côté de la barrière. «Notre métier a beaucoup changé, il est devenu très difficile car on est sanctionné pour la petite gaffe», dit-il.
Appelé à nous parler sur les avantages et les inconvénients de son métier, notre source dira : «La Poste nous accordait, chaque année, une prime à l'occasion de la fête de l'Aïd El Kebir. Cette année, malheureusement, nous n'avons rien reçu. Ce qui a eu pour conséquence la privation de ma famille de l'achat du mouton. C'est triste car à mon âge et après tant d'années de service, je me retrouve dans une situation où mon salaire ne me permet pas d'acheter une bête à sacrifier pour cette occasion». À cet instant, un autre agent, ayant constaté la dérobade de ses collègues, est intervenu pour nous confier : «Nous exerçons dans un milieu dépourvu de sécurité, en l'absence d'agents censés assumer cette tâche».
Notons qu'au moment de notre entretien, certains agents ont reproché à Si Mohamed le fait d'avoir donné des déclarations sans passer par la voie hiérarchique. «Il fallait obtenir l'autorisation du directeur pour répondre aux questions du journaliste», lui ont-ils dit. Le sentiment de la peur était visible chez certains agents de la poste où la conversation avec un journaliste peut lui porter préjudice. En conclusion, Si Mohamed nous dira : «J'assume ma responsabilité en toute honnêteté. Je n'ai rien à craindre du moment que j'exécute mon travail convenablement».
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Posté Le : 08/01/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Abdelouahab Souag
Source : www.elwatan.com