Algérie

Un plan national sans les moyens adéquats



L'équipe de l'unité d'hépatologie de l'hôpital Mustapha Pacha d'Alger, à sa tête le professeur Boussekine, chef de service d'hépathogastroentérologie, appelle à une réorganisation et à la mise en place des moyens adéquats pour la prise en charge des hépatites B et C en Algérie. Pr Boussekine qui a voulu s'exprimer en marge des travaux de la deuxième réunion de la Société algérienne d'hépatogastroentérologie, dont il est président, et de l'Association française pour l'étude du foie, qui s'est tenue la semaine dernière à l'Ecole nationale de santé militaire, ayant pour thème « Hépatites virales B et C : de l'hépatite aigue à la l'hépatocarcinome », avoue que des efforts ont été déployés durant ces dernières années, mais beaucoup reste à faire. Il a insisté sur la réorganisation des soins et la disponibilité des moyens de dépistage et de diagnostic. Ce sont, selon lui, les éléments les plus élémentaires avant de mettre les moyens financiers colossaux dans les traitements thérapeutiques, qui ne sont pas obligatoirement soumis à tous les malades. Pour lui, les hépatites B et C constituent un réel problème de santé publique : le nombre de cas peut exploser d'ici les années prochaines.Revenant sur la prévalence des deux maladies, Pr Boussekine évalue le nombre de personnes atteintes du virus de l'hépatite C à 1,5% de la population générale, dont 0,75% le taux le plus élevé est retrouvé dans les centres de transfusion sanguine tout en regrettant que le diagnostic est généralement fait tardivement. « Neuf malades sur dix passent inaperçus et 80% des malades atteints d'hépatite C passent à la chronicité, à savoir la cirrhose », a-t-il expliqué. « Ce qui rend la prise en charge encore plus compliquée et plus coûteuse, car demandant une transplantation hépatique. Mais il ne faut pas se leurrer, nous sommes loin de régler le problème », a t-il indiqué. Les moyens thérapeutique, a ajouté Pr Boussekine, sont aujourd'hui suffisamment disponibles, mais ce sont les moyens de prévenir ces maladies qui font réellement défaut.Des actions de santé nécessaire dans ce domaine doivent être mises en place, a-t-il estimé en précisant que le programme actuel de lutte contre les hépatites, élaboré par le ministère de la Santé, reste incomplet. « La disponibilité des médicaments n'est pas tout pour arriver au bout de ces virus », a-t-il précisé en soulignant qu'il est important d'intervenir sur deux grands axes qui sont : l'amélioration de la prévention et l'information. A propos de l'hépatite B qui touche 2,5 % de la population générale, Pr Boussekine a affirmé que la vaccination contre le virus de l'hépatite B doit être élargie à toutes les populations à risque. Elle doit devenir obligatoire et contrôlée, notamment chez les personnels de santé, les hémodialysés, les conjoints de personnes contaminées.Et imposer un dépistage dans certaines professions pourvoyeuses de ces maladies. « Tous les contaminateurs potentiels doivent être testés », a-t-il recommandé en insistant sur le dépistage systématique chez la femme enceinte. Pour une meilleure efficacité des programmes de prévention, des textes de lois coercitives doivent être promulgués, notamment en matière d'usage des matériels médicaux, tels que les endoscopes, l'usage unique des pinces à biopsies, le lavage des mains, etc. « Il y a un déficit en matière de désinfection du matériel médical. A ce jour, les endoscopes sont désinfectés manuellement.Il n'y a aucun service qui dispose de machine à laver les endoscopes », a-t-il précisé tout en faisant référence aux sources de contamination, telles que l'acupuncture, le percing, la hidjama, etc. C'est ainsi qu'un appel est lancé aux autorités de santé, afin de lutter sévèrement avec des textes de loi contre toutes ces dérives et d'en finir avec ces affections. Des recommandations ont été élaborées depuis des années, mais malheureusement elles sont restées lettres mortes, regrette-t-il.


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