Algérie

Un peu de bon sens



Aujourd'hui, je dois encore faire l'inventaire de mes frayeurs, de mes peurs et de mes attentes. Juste pour être dans le bon tempo avec moi-même. Et être dans le sillon de la société. Car je me sens débarqué par la réalité des choses. J'ai une envie folle de moi mettre au milieu de la chaussée et de crier, à l'oreille la plus sourde, mes attentes du changement. Ce changement qu'on nous annonce depuis toujours, que je ne vois pas. Ce changement qui prend le discours de la démesure depuis que le pouvoir est devenu un tremplin vers la richesse.Un référendum pointe le bout de son nez. C'est pour très bientôt! La date est fixée, le 1er novembre. Cette date, vous le comprendrez lentement, n'est pas fortuite. C'est une date historique. Une date chargée de symboles. Une date qui a signé la fin de la nuit coloniale. Pourquoi donc voter un 1er novembre' Un vote novembriste' Le «novembrisme» est un concept sorti récemment. Dommage qu'on lui a collé la «badissya». Novembre se suffit à lui-même.
Personnellement, novembre me revient à une journée des années 1963, si ma mémoire est bonne. Dans la grande forêt de Mizrana (Tigzirt), on est allé exhumer les ossements d'un martyr. Avec le recul, je me dis qu'on aurait dû le laisser sur le lieu où il est tombé pour l'indépendance de son pays. Il fallait exhumer ses restes. Il faut qu'il repose au cimetière de ses ancêtres. Dans sa poitrine, ou ce qu'il en restait, une poignée de balles montrait, si besoin est, la cause de son martyre. Amar n'Tizi-Ouzou était son nom de guerre, il n'avait que 23 ans. Voilà que maintenant, il se trouve que des sièges à l'APN se vendent à coups de milliards. Le sacrifice ultime de ce chahid vaut-il sept milliards' Combien vaut le sacrifice de tous les martyrs de la guerre de Libération' Qui peut me répondre' Un député' Un patron de parti politique' Un ministre' Ou un wali' Ou un simple chaâbi' Ceux qui pensent qu'il faut «fermer» l'APN sur un simple témoignage du fils d'un ponte du sérail ont parfaitement raison. Le bon sens devrait jouer ici. Le président de la République doit être sensible à cette situation. Cette APN va discuter de la prochaine Constitution, allons donc! Un peu de bon sens, voyons! C'est tout ce qui doit prévaloir; on doit revenir au bon sens paysan, bien madré de chez nous. Les politiques ont failli. Et les députés ne sont plus en odeur de sainteté.
Si des sièges ont été effectivement vendus, il faut qu'ils reviennent au peuple. C'est une opération de récupération des biens du peuple qu'il faut mener avec une main de fer. Ce ne serait pas une mauvaise décision de demander le remboursement des sous touchés indûment. La tajemaât d'antan aurait penché pour cette solution, pour le bien commun. Il faut que l'Algérien sente qu'il y a un changement vers une nouvelle république. On n'y est pas encore. On en est encore loin. Car la Constitution ne peut à elle seule apporter le changement attendu. Chaque Président a sa Constitution. Pourquoi pas celle-là' Il faut un véritable coup de botte dans la fourmilière. Une bonne fois pour toutes!
«Le corona, une grippe qui tue.» Ce n'est pas Raoult, le Marseillais, qui a fait cette déclaration. Non, c'est un Algérien. Un spécialiste qui plus est. C'est une déclaration privée. J'ai été effaré d'entendre la position pareille. Une grippe qui tue: ihi, on arrête toutes les mesures de précaution; sur sort la bouche ouverte et les narines béantes, humant à tout vent le virus. Puis, on ira chez ce spécialiste qui constate notre décès. Je comprends que ce médecin soit fatigué, je le comprends parfaitement; mais il n'a pas le droit, même à titre privé, de tenir ce genre de propos. Sauf s'il s'agit d'un complot mondial!
Justement, l'automne tape à nos fenêtres. Voilà la grippe saisonnière qui ne va pas tarder à montrer le bout de son nez. Le corona est toujours là, plus méchant que jamais, il tue toujours. Les autorités de santé ont-elles acheté le vaccin anti-grippal. Parce que l'un dans l'autre, corona et grippe, il y aura un bouchon terrible dans nos hôpitaux. Là, on pourra dire que «le corona (est) une grippe qui tue». Comme la grippe tue également, il nous faut agrandir nos cimetières. Puis, je ne comprends pas comment le vaccin anti-grippal ne soit pas déjà dans nos officines. Au fait, sur n'entend plus notre ministre de la Santé.
Mon inventaire n'est pas reluisant, il est à l'image de celui du pays. Et pour celui qui souhaiterait noyer son chagrin, il n'y a pas une goutte d'alcool alentour. Voilà une décision que je n'arrive pas à m'expliquer. Des commerçants fermentent la route du côté de Bejaïa. Ceux-ci veulent rouvrir leurs débits de boissons alcoolisées. C'est leur droit. À moins que les pouvoirs publics prennent la décision d'interdire l'alcool sur tout le territoire national. Ou, ce n'est pas le cas! Les adeptes de Bacchus existent chez nous. Laissez-les à leur croyance! S'ils veulent s'imbiber la glotte, pourquoi les en empêcher' Ça ne fera que renforcer la contrebande d'alcool. La prohibition en Amérique a engendré Al Capone, et autres. Il y a bien du cannabis qui se vend ici et là. Alors'
L'année 2020 est l'année de toutes les morts. La dernière fois mon portable a vibré. Je jette un coup d'?il. On m'annonce le décès de concitoyens de Tizi. Des gens du quartier. Des gens que je rencontre très souvent. Des gens de ma génération. C'est là où mon inventaire fait des siennes. Mon solde est négatif. Je n'y peux rien, c'est la volonté du ciel. Avec ces mauvaises nouvelles, Tizi est horrible, laide et repoussante. Il y a un vide immense. Le temps fera son travail. On s'y fera. Alors, Azouaou Kebbous, Youcef Kellas, Omar Madiou, Rachid Zeghdoud, et tous les autres, manquent au ciel de Tizi. Ils nous manquent. Chacun dans son rôle a marqué son passage dans cette vie. Je ne pleure pas. Juste que hier, ils étaient présents avec nous. Perso, je ne dis jamais adieu. Un au-revoir, peut-être! La mort tapine, elle fait son sale boulot,
Je laisse Djamel Amrani, ce rapsode, clore cet inventaire: «J'écris parce que ma voix est sèche / Ma langue amère / J'écris dans le froissement du jour / Avec des épines d'acacia au c?ur / J'écris la bouche mordue par la mort. »
YM


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