Algérie

Un peu d'ambiance !



Non, il n'y a pas trop de candidats. Qui seront élus ' Les têtes de liste. Trois et plus par liste pour les partis du pouvoir, FLN, RND, 'Verts'' Deux ou trois pour les partis d'opposition reconnus et un ou deux pour les partis débutants' Les suivants sont là pour compléter les listes ; ces sacrifiés sont d'authentiques militants, d'un parti ou d'un leader. Il faut leur rendre hommage : être candidat avec la quasi-certitude de ne pas être élu reste l'unique acte militant en ces temps de militantisme d'entreprise.
Et puis ces militants d'appoint ne se sentant pas tenus de faire campagne, ils peuvent bien 'rendre service' ! Cela dit, et si la fraude ne fausse pas tout, il se peut que certains de ces auxiliaires se retrouvent à l'Assemblée nationale. C'est déjà arrivé en de précédentes législatures, mais dans une proportion trop réduite pour être remarquée.
Le début de la campagne électorale, laborieux, est significatif de l'intérêt populaire pour l'événement. Une multitude de partis qui prêchent dans le désert pour une foule de candidats. À peine une halte devant des panneaux, à une exception près ou deux, vides. Juste le temps de vérifier si on reconnaît un nom ou un visage. On ne cherche même pas à décoder les sigles nouveau-nés. Certains promettent, seigneurs, de voter pour les candidats novices : 'Eux n'ont pas encore mangé', se justifient-ils. Ce qui, fraude mise à part, pourrait créer quelques surprises.
Les leaders de partis, connus ou moins connus, semblent s'acquitter, pour le principe, de leur devoir de campagne, comptant sur la presse pour assurer l'animation qui, sur le terrain, fait défaut. La scène paraît déjà moins vivante depuis que la campagne a débuté, que les numéros de listes ont été attribués et que les revendications syndicales de la CNSEL ont cessé. Il faudrait que le ministre de l'Intérieur se remette à l'ouvrage pour rappeler à ceux, nombreux qui ne regardent pas l'ENTV, qu'une élection se prépare.
Devant cette silencieuse appréhension, le chef de la délégation d'observateurs européens s'inquiète et répète à qui veut l'entendre que son équipe n'est pas là pour énoncer un verdict sur la régularité ou non du scrutin. Et nous rappelle qu'il n'est question d'observations qu'elle consignera dans un rapport qui sera remis trois mois après le vote, soit après la première session de la future assemblée. Les autres délégations, celles des organisations régionales dont nous faisons partie, ne disent rien. Le rituel est rodé : elles repartent le lendemain, après une déclaration assurant qu'il n'y a pas eu de manipulations 'susceptibles de changer le résultat du scrutin'.
Le risque avec une campagne creuse au point d'ennuyer, c'est qu'elle n'arrive même pas à occuper le terrain de l'expression publique, histoire de procurer une pause au pouvoir en matière de revendications sociales et citoyennes. Si les redresseurs du FLN et les médecins spécialistes, beaux joueurs, ont reporté leurs actions pour l'après-10 mai, les lycéens, les personnels de la justice et des administrations locales n'ont pas voulu céder la scène au politiques. À moins que ce soit les politiques qui n'arrivent pas à l'occuper.
Alors, puisque le programme commun des partis est d'appeler au vote, il va falloir qu'ils se démènent et qu'ils trouvent autre chose à vendre que les vertus patriotiques de l'acte de vote.
M. H.
musthammouche@yahoo.fr




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