Algérie

Un périple one-two-three!



Un périple one-two-three!
Plus de 150 personnes étaient là, enthousiastes et volontaires à souhait, la main dans la main pour porter haut et fort la voix de l'AlgérieDimanche 22 mars... 16 heures et des poussières...Les militants et altermondialistes qui avaient rendez-vous devant le siège de l'Ugta à Alger-Centre, affluaient vers ce haut lieu de la lutte ouvrière, l'un après l'autre, sac à dos ou petite valise à la main. Destination Tunis qui sera, l'espace d'un temps, le coeur battant du Forum social mondial. C'est la bonhomie qui prend place avec ces échanges de salutations à l'air du printemps, les sourires et les éclats de voix entre amis sont le prélude à l'échange de connaissance, à la fraternité algéro-algérienne qui se met en place à l'occasion d'un déplacement hors frontières... Plus de 150 personnes étaient là, enthousiastes et volontaires à souhait, prêtes à partir la main dans la main pour porter haut et fort la voix de l'Algérie...pour beaucoup parmi nous, c'est la grande aventure! En véritable chef d'orchestre, Ourida Chouaki, cette dame de coeur et de volonté, était la première présente; elle se démène par-ci, par-là, elle est sur tous les fronts, vérification de passeports et confirmation de listes obligent.Le grand départL'ambiance festive et conviviale est à son comble. Plus que quelques minutes et c'est le grand départ, les militants ont vite fait de rejoindre leur place à l'intérieur de trois bus confortables et bien équipés, mobilisés pour la circonstance. A 18 heures sonnantes et alors que le coucher du soleil imprime sur la capitale une image surréaliste, les trois bus s'ébranlent en direction de l'autoroute de l'Est.Les participants à la 13eme édition du FSM 2015, malgré leurs différences idéologiques et politiques, tiennent le même discours qui est celui du soutien et de la solidarité sans faille envers le peuple tunisien, d'autant que ce forum est organisé dans des conditions sécuritaires difficiles, accentuées par le lâche attentat terroriste au coeur de Tunis. 18 heures passées, les trois bus formant procession attaquent le bitume de l'autoroute dans une ambiance marquée par le rire, les blagues à l'algérienne et la bonne humeur qui ne nous permettent pas de nous rendre compte du trajet. Aux one-two-three succèdent les chants et les stridents youyous des femmes...Les sujets à aborder et à débattre dans le FSM ne sont pas le parent pauvre des discussions passionnantes qui opposent des militants de tout bord, membres de la Ligue des arts cinématographiques et d'arts dramatiques de Tizi Ouzou, des artistes, des journalistes, des étudiants, des féministes, venus d'horizons divers, abordent tous les sujets, politique, social, économique, gaz de schiste; le difficile quotidien du citoyen n'est pas en reste. Déjà Bouira pointe à l'horizon et c'est là que nous nous arrêterons, qui pour fumer, qui pour déguster un sandwich... avant de reprendre la route à la faveur de la nuit qui s'installe doucement. Yasmina, la soeur de Ourida Chouaki, est là, elle ne cesse de s'enquérir du bien-être des uns et des autres, son remarquable travail de proximité auprès des 150 militants est très apprécié.Le sympathique Georges, un Français aussi algérien d'âme que nous autres, est aussi de la partie, il tombera malade au cours de ce voyage et sera entouré de soins. Aux minutes qui s'égrènent sous le doux ronflement des moteurs qui agissent telle une berceuse, vient se mettre en place le sommeil quelque peu réparateur car il faut dire que les discussions et le rire à haute voix ont fini par émousser notre enthousiasme.A 11 heures du matin, la délégation débarque en force au niveau des frontières algéro-tunisiennes un véritable tohu-bohu marqué par les va-et-vient des militants excités. Le pointilleux contrôle de la police des frontières donnera des sueurs froides à un jeune militant...il porte le même nom et prénom qu'une personne objet d'une fiche de recherche Interpol pour affiliation à la sinistre organisation terroriste Daesh. Il sera finalement lavé de tout soupçon. Les féministes étaient présentes en force. Elles étaient sur le pied de guerre! A leur tête, Yasmina Chouaki fondatrice et présidente de l'association Tharwa Fadhma N'soumer. Cette formidable femme au coeur fragile nous a appris beaucoup de choses dans ce long trajet, notamment sur la lutte et le combat des femmes depuis des années pour l'abrogation du Code de la famille. Pour la militante, l'Algérie a fait une enjambée en arrière de 30 ans en termes de droit et de protection de la femme. Dans cette aventure, les jeunes ont investi avec leurs propres moyens. Malik, un jeune artiste «non voyant» accompagné de sa guitare a chanté jusqu'à une heure tardive. Avec sa voix douce et harmonieuse et un sourire qui ne quitte jamais son beau visage.Dans le bus, se trouvaient d'autres artistes, des militants, des journalistes, des étudiants, femmes et hommes, tous venus des quatre coins de l'Algérie afin de former un seul corps, une seule parole et un seul but. «La lutte conte le terrorisme et le radicalisme.» Notre traversée vers Tunis était chargée de risques, car la veille une collision a eu lieu.. Rouler le soir est toujours risqué, notamment aux frontières.En territoire tunisienLa route était complètement déserte. Les participants ne connaissaient pas les dangers qu'ils couraient, notamment de l'autre côté de la frontière à des heures tardives. Au poste frontalier, les formalités de police prenaient beaucoup de temps. Quelques heures après, nous sommes en territoire tunisien et les bus reprennent de plus belle leur route vers la capitale, Tunis, dans une ambiance bon enfant. Nous traversons des oliveraies qui s'étalent à perte de vue, un paysage à couper le souffle défile devant nos yeux, heureux de visiter cette Tunisie qui renaît des cendres de la révolution du Jasmin. La localité Hydra, suivie d'autres petits villages Kalat Sinan et Kalat Khasba sont vite dépassées, alors que la présence des ruines romaines remet à l'esprit les temps de gloire passée de Rome et de Carthage. Un des chauffeurs de bus, voulait jouer au malin en évitant de passer par l'autoroute payante et gagner quelques dinars de plus. Après plus d'une heure de route, il se rend compte qu'il s'était trompé de chemin et il roulait pratiquement vers la Libye. Panique et demi-tour. Dans ce voyage, les poches de la plupart d'entre nous étaient bel et bien «vides»! Les filles ont été hébergées dans la cité universitaire «Yasmina» terminus 3 à Ibn Khaldoun et les garçons au campus universitaire el Manar. Mardi 24 mars, le Forum social mondial avait ouvert ses bras avec une grande marche, celle de la dignité et la lutte contre le terrorisme. Ce jour-là, le ciel était généreux et la pluie n'a pas cessé de tomber.Les Algériens sont venus de l'Est et de l'Ouest afin d'exprimer leur solidarité avec le peuple tunisien, en dépit de toutes les conditions sécuritaires et climatiques de la région. Dans un incroyable élan de solidarité, nous étions présents en force en Tunisie. Nous avons inondé Tunis avec un vague espoir de défier ainsi les fous de Dieu et les démons de la mort. Notre forte et impressionnante mobilisation n'est pas passée inaperçue chez nos frères tunisiens. La principale rue Bourguiba, dans la capitale tunisienne, semblait être une rue algérienne. L'hymne national, les drapeaux et les défilés au long de la journée de mardi sous le ciel gris de Tunis et nous avons marché plusieurs kilomètres sous la pluie. Cette crise sécuritaire nous a permis de constater l'extrême attachement et le grand amour que portent les Algériens à leurs frères tunisiens.




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