Quand l'adolescent est convoqué par la police, il délivre une version différente.Un soir de novembre 2015, un homme, ivre, se présente à la police d'Arzew pour déclarer avoir vu une voiture s'arrêter devant son immeuble, des inconnus en sortir un corps qu'ils jettent dans la rue avant de repartir en toute hâte. Les policiers se portent sur les lieux et découvrent effectivement le cadavre d'un homme gisant sur le trottoir. Une enquête est alors ouverte et le témoin, B. Ahmed, pêcheur de son état, interrogé. Après ses premières déclarations, le cerveau toujours embrumé par l'alcool, il indique que la victime est, en fait, un ami qui se trouvait avec lui, dans son appartement au 2e étage de l'immeuble à côté duquel son corps a été retrouvé. Poussé par les enquêteurs, il ajoute que le défunt, D. Lahouari, également pêcheur, avait dîné chez lui en compagnie de K. Sid-Ahmed, un adolescent âgé de 16 ans. Durant cette soirée agrémentée par la boisson et le haschisch, son ami s'est isolé avec l'adolescent dans une pièce voisine. "Comme ils tardaient à ressortir, je suis allé voir et j'ai compris qu'ils avaient eu des relations intimes. J'ai giflé Sid-Ahmed, et quand Lahouari a voulu s'interposer, je l'ai repoussé." Quand l'adolescent est convoqué par la police, il délivre une version différente. Il admet avoir eu, sous la menace, des rapports intimes avec Lahouari, mais ajoute qu'après l'avoir giflé, Ahmed ne s'est pas contenté de bousculer le défunt. "Il l'a jeté par deux fois contre le mur et l'a frappé au visage jusqu'à ce qu'il perde connaissance. Ensuite, il m'a obligé à regagner la pièce voisine et à me dévêtir. À travers l'entrebâillement de la porte, je l'ai vu porter Lahouari, toujours inanimé, et le jeter par la fenêtre." Selon l'adolescent, le présumé assassin l'aurait ensuite rejoint pour l'obliger à des rapports intimes : "Après, il m'a dit que Lahouari s'était jeté par la fenêtre, m'a contraint de le suivre pour déplacer le corps et m'a donné 1 000 DA en me sommant de dire à la police qu'il s'agissait d'un suicide." Le rapport d'expertise du médecin légiste déterminera plus tard que la chute de 6,5 mètres a provoqué une fracture à l'arrière du crâne qui a entraîné la mort. Lahouari, 52 ans, a laissé une épouse et trois enfants. Le magistrat qui instruira le dossier estimera qu'il existe suffisamment de preuves pour inculper B. Ahmed sous le chef d'accusation de meurtre et de poursuivre K. Sid-Ahmed pour non-dénonciation de crime et possession de drogue. Jugé par le tribunal des mineurs, l'adolescent écopera d'une année de prison ferme. Lors de son procès, dimanche dernier, au tribunal criminel près la cour d'Oran, B. Ahmed a rejeté les accusations pesant sur ses épaules. Appelé à témoigner, il changera sa version des faits. "Non, je ne l'ai pas vu jeter la victime par la fenêtre... J'étais dans la pièce voisine et je ne pouvais donc pas voir ce qui se passait", a-t-il indiqué d'une petite voix en reconnaissant avoir aidé Ahmed à déplacer le corps de la victime pour l'éloigner de l'immeuble. L'avocate de la défense plaidera l'hypothèse du suicide et, donc, l'acquittement de son client. "Le témoin s'est rétracté ici à l'audience et il n'existe aucune preuve matérielle de la culpabilité de notre mandant. On ne peut, par conséquent, pas écarter la thèse du suicide", a-t-elle soutenu, ajoutant que dans l'état d'ébriété avancé dans lequel il se trouvait, B. Ahmed ne pouvait porter le corps d'un homme. À l'issue des délibérations, B. Ahmed sera reconnu coupable de meurtre et condamné à 20 ans de réclusion criminelle.S. Ould Ali
Posté Le : 07/02/2017
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : S Ould Ali
Source : www.liberte-algerie.com