Un pays sans Etat

Sonatrach a décidé de rapatrier ses employés de Libye pour des raisons de sécurité. L'information relève du secret de Polichinelle, il n'empêche que ni les responsables du groupe ni encore moins le ministère des Affaires étrangères n'ont jugé utile de communiquer sur cette décision. Mais à la limite, ce n'est pas si important que cela, compte tenu de la situation dramatique que vit ce pays qui s'enfonce dangereusement dans le chaos. Vendredi dernier et pour des présomptions de menaces qui pesaient sur leur vie, nos diplomates ont dû être précipitamment exfiltrés pour ne pas être la proie facile des groupes terroristes qui projetaient d'en faire une monnaie d'échange.Si les autorités algériennes sont ainsi amenées à prendre cette mesure, à la fois préventive, mais surtout extrême, alors qu'elles ont régulièrement exprimé une volonté politique de garder, tant bien que mal, une relation de partenariat avec ce pays voisin, c'est que la situation est intenable. En fait, ce grand pays aux immenses potentialités énergétiques qui attisent les convoitises n'a plus d'Etat, ni donc d'institutions viables. Le peuple libyen est aujourd'hui à la merci des chefs terroristes et des seigneurs de la guerre qui partagent le pays en zones d'influence dans un climat politique délétère où islamisme, tribalisme et banditisme constituent un cocktail explosif qui fait planer de réelles menaces sur toute la région.Devant une telle situation, qui augure le pire dans les jours à venir, les nostalgiques de Kadhafi ont quelques raisons de regretter son règne, car à son époque le pays était au moins stable. Mais la situation actuelle lui est pourtant imputable, car au lieu de bâtir un Etat moderne en quarante ans de pouvoir satrapique, il s'est complu à asseoir son trône sur une juxtaposition de tribus, arrosées à grands jets de pétrodollars en échange de leur allégeance. Il ne s'agit pas, aujourd'hui, de refaire ici l'Histoire qui appartient aux historiens, mais de focaliser surtout l'avenir de ce pays qu'il faut impérativement aider à s'arracher de l'emprise des groupes armés. Un vrai défi pour tous les pays de la région qui sont tenus de se donner une feuille de route pour endiguer les métastases du chaos libyenNomAdresse email