Algérie

Un pays en stand-by et des interrogations



Plus d'un mois s'est écoulé depuis la tenue du scrutin des législatives. La nouvelle Assemblée nationale qui en est issue a été installée dans les délais règlementaires. Mais le pays est toujours en attente du sort qui va être réservé au gouvernement que coordonne Ahmed Ouyahia et qui expédie les affaires courantes de l'Etat sans savoir s'il va être changé ou reconduit. Certes, la Constitution ne fait aucunement obligation au président de la République de procéder à un changement d'exécutif après des élections législatives. Il peut donc conserver l'équipe Ouyahia s'il juge nécessaire, mais il doit impérativement procéder à celui des ministres ayant comme le veut la loi démissionné après avoir été élus à un mandat parlementaire.
Il n'est pas étonnant que devant le temps que prend Bouteflika pour faire connaître ses intentions l'opinion publique s'interroge et que cela fasse dire au président du Forum des chefs d'entreprises (FCE) qu'il «s'inquiète du retard mis à la constitution du gouvernement car il impacte négativement sur la situation économique». Certes, il y a en apparence continuité dans l'activité gouvernementale puisque l'équipe Ouyahia «fonctionne» et les portefeuilles laissés vacants par les démissionnaires ont été confiés à des intérimaires. Sauf que dans la réalité il s'est instauré un «stand-by» national du sommet à la base. Chacun trouvant dans la situation floue induite par les incertitudes pesant sur le staff gouvernemental en exercice, prétexte à renvoyer à après son éclaircissement tous actes et décisions d'importance. De même qu'elle engendre rumeurs et spéculations sur les raisons qu'a Bouteflika de différer aussi longtemps les décisions qu'il compte prendre.
L'on sait que le chef de l'Etat est imprévisible et orfèvre du contre-pied. Qu'il ne s'estime pas tenu de faire savoir quand et comment il agira. Il y a en tout cas dans son attitude sur la question du gouvernement une certitude qui s'impose. Celle qu'il n'est pas confronté aux mêmes problèmes qui en 1999 ont fait qu'il n'a pu constituer et nommer l'exécutif avec Benbitour comme chef du gouvernement qu'au bout de huit longs mois. Il nous semble que cette fois il prend son temps dans l'attente de la décantation qui s'opère sur le champ politico-partisan consécutivement à l'impact qu'ont dans ce milieu les résultats du scrutin de mai.
Si comme elles prétendent nos sources sont affranchies du dessein de Bouteflika, celui-ci veut former un gouvernement d'union nationale. En tout cas à la composante partisane plus large que celle des gouvernements précédents. Une combinaison qui s'est imposée à lui selon ces mêmes sources au vu des menaces et périls qui planent sur l'Algérie dans un contexte régional et international propice aux entreprises de déstabilisation. Et surtout au constat que les partis relais du pouvoir dans la société et la population, bien qu'il ont «gagné» les élections législatives, ont démontré que leur «victoire» n'a nullement été le fait d'un socle électoral les légitimant en tant que forces représentatives du courant politique majoritaire dans le pays.
Bouteflika temporise en comptant peut-être convaincre d'autres acteurs de la scène politique à adhérer à ce que l'on présente comme étant la démarche qu'il veut faire aboutir. Des tractations par contacts indirects se dérouleraient semble-t-il. En attendent, l'Algérie s'inquiète et s'interroge sur les conséquences de ce que les citoyens dans l'ignorance de ce qui se trame qualifient non sans raison de «vacance du pouvoir».




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