La fin du régime syrien est proche ! C'est ce qu'on entend le plus dans les médias internationaux avec les attaques menées par l'opposition dans certains quartiers de Damas. Malheureusement, on est devant une hypothèse trop optimiste. Ce qui risque d'arriver - et c'est ce qui se met en place depuis des mois -, c'est tout simplement la fin de la Syrie. La tournure communautaire et confessionnelle du conflit est de moins en moins difficile à nier et il devient presque inutile de savoir si c'est le régime ou l'opposition qui l'a favorisée.
La Syrie est un pays en danger de mort qui pourrait éclater en plusieurs morceaux avec une extension vertigineuse sur un Liban à l'équilibre délicat et précaire. A mesure que le conflit s'est durci et militarisé, les différentes communautés qui composent la Syrie ont été placées, à tort ou à raison, dans le sentiment que leur survie physique et politique est désormais en question. Il y a eu un enchaînement de causes qui ont affaibli la possibilité d'une solution et mis le pays dans une logique d'ascension à l'extrême. Aujourd'hui, les fenêtres d'opportunité sont presque toutes fermées pour ne laisser place qu'aux armes. Il y a d'abord l'immense enfermement mental de la caste au pouvoir qui n'a pas saisi que la gestion de la population par la terreur et le paternalisme était révolue. Le régime avait encore toutes les cartes en main au début de la crise et il s'est évertué avec un incroyable aveuglement à les perdre une à une.
L'autisme du pouvoir a fini par radicaliser les esprits - et notamment les islamistes - et affaiblir une opposition démocratique intérieure qu'incarne bien Michel Kilo. C'est désormais une opposition externe fortement dépendante des puissances occidentales et des pays du Golfe qui s'impose en liaison avec une armée rebelle de mieux en mieux pourvue d'armes de l'extérieur. Cette opposition en bonne partie sous influence, tout en s'alimentant de l'autisme du régime, n'était pas non plus dans l'optique d'une solution politique. Michel Kilo, opposant historique au régime de l'intérieur du pays, a également mis en exergue, récemment à Moscou, le fait que la «Syrie est actuellement le théâtre d'un conflit international» et a estimé, contrairement au CNS, que la «Russie veut une stabilisation de la situation». Kilo a également souligné que le régime «ne répond pas à nos exigences». Et de fait, il y a bien une confrontation entre les Russes et les Occidentaux autour de la question syrienne mais avec des enjeux politiques qui dépassent largement la Syrie.
Cette confrontation s'est aggravée avec le discours carrément menaçant de la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, appelant à «faire payer le prix» à Moscou. Discours évidemment peu apprécié à Moscou où Vladimir Poutine, moins accommodant que Medvedev, est revenu à la barre. La Russie et la Chine opposant un veto à un «déblocage» par une intervention armée occidentale comme en Libye, les Occidentaux semblent répliquer par des approvisionnements plus substantiels d'armes aux opposants syriens. Russes et Occidentaux n'en viendront pas directement aux mains. Mais la Syrie est bien partie pour être le théâtre d'une explication «opérationnelle» entre Moscou et Washington. Au bout de la «bataille», il risque de ne plus y avoir de Syrie. Ni de Liban.
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Posté Le : 18/07/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : M Saadoune
Source : www.lequotidien-oran.com