Algérie

Un patriote jusqu'au rachis



Y a-t-il meilleur manière d'expliquer aux générations d'aujourd'hui, le vrai sens de la patrie que la vie et le parcours du chahid, le Docteur Isaâd Hassani, comme celles de millions d'autres chouhada qui se sont sacrifiés pour que vive l'Algérie indépendante' Sa vie, son parcours, son engagement dans la guerre de libération et sa mort sont une source intarissables de leçons de patriotisme, d'héroïsme. Que dire d'un médecin spécialiste en chirurgie au milieu des années 1950, qui abandonne le luxe feutré qu'il pouvait s'offrir à Paris ou ailleurs pour aller rejoindre le maquis, y créer un hôpital de campagne pour porter des soins au moudjahidine' Que dire de ce chirurgien qui, face à ces bourreaux de militaires français refuse de se rendre et préfère creuser sa tombe de ses propres mains pour y être froidement abattu' C'est à cet homme qu'un vibrant hommage a été rendu ce mercredi 27 juillet 2022 au forum du journal El Moudjahid grâce au travail de mémoire précieux qu'accomplit l'inlassable Association Machaâl Echahid. En présence de la famille et des proches du chahid Isaâd Hassani, dit le Docteur Si Khaled, de journalistes et d'anciens moudjahidine, des témoignages ont été apportés sur le vie de cet homme exceptionnel. Le mot n'est pas exagéré à voir le parcours de l'homme. Isaâd Hassani, dit «Si Khaled», est né en 1930 au Maroc. Mais il est originaire du centre d'Aït Abbas à Larbaâ des Ouacifs dans la wilaya de Tizi Ouzou. Depuis sa tendre enfance, sa vie était tendue vers un objectif unique: La fin de la pesante tutelle de la France sur le pays de ses ancêtres, l'Algérie.. Très jeune il s'astreignait à de très dures conditions de vie quotidienne. Il mangeait peu, marchait sans chaussures jusqu'à ensanglanter ses perds. À la question de savoir pourquoi s'infligeait-il de tels supplices, l'enfant Hassani répondait à son entourage: «Je me prépare à aller au maquis libérer mon pays». Incroyables prémonitions pour cet enfant doté d'une conscience politique précoce. Ce n'était pas que des mots. Ses études en médecine terminées à Montpellier, il rejoint le maquis en 1956 laissant derrière lui l'une des plus belles carrières de chirurgien. Mieux encore, le docteur «Si Khaled» arrive à convaincre avec lui deux autres médecins européens dont l'un est tombé au champ d'honneur, tandis que l'autre, avait été fait prisonnier après un accrochage avec l'armée coloniale à Sidi Bel-Abbès. Il s'appelait Sylvain Ernest-Bret, un autre médecin d'exception. À l'indépendance il prend la nationalité algérienne et devient, Amine Zirout, nom de Sylvain après sa conversion à l'islam.Il a été élu député de Mostaganem à la première Assemblée constituante puis nommé premier ambassadeur d'Algérie à Cuba, de 1963 à 1967 où une amitié le lia à Ernesto Che Guevara. En 1973 il a travaillé au CHU d'Oran comme chef de service de pneumo-phtisiologie. Il décède en 1995 et est enterré à Oran. Passionnants faits, passionnante vie des hommes qui, par leur sang versé, ont fait de nous ce que nous sommes aujourd'hui! Que dire alors de la douleur de leurs familles et proches parents.
La grande soeur du Docteur Si Khaled ne s'est jamais remise de la mort de son petit frère qu'elle adorait. « À chaque aube renaissait Hassani» répétait cette vieille dame partie avec une blessure jamais pansée au fond de son généreux coeur. Hélas, c'est la rançon de la patrie. En allant au maquis, le docteur Khaled devait en toute logique rejoindre la Wilaya III historique puisque c'est la région de ses parents et c'est celle qu'il est censé connaître le mieux. Hé bien non! Il se rend à la Wilaya V historique à Mascara. Ce choix a une explication: c'est parc que l'arrière grand-père du Docteur «Si Khaled» était un soldat de l'Emir Abdelkader! L'histoire et le destin sont d'incroyables metteurs en scène. La grandeur de notre guerre de libération n'est pas seulement un, héroïsme sublimé par l'imaginaire des survivants de cette atroce guerre.
Il y a des hommes qui au prix de leur vie ont donné du sens au mot patriotisme et unité nationale. Le docteur Si Khaled en est la parfaite illustration. Connu pour son engagement sa détermination, Si Khaled jouissait d'un immense respect dans les maquis de Mascara.
En 1957 il avait été fait prisonnier, détenu durant quatre mois à Mascara. Il a refusé toutes les offres de l'armée fran,çais l'exhortant à se rendre. Il a été contraint de creuser sa tombe de ses propres mains avant d'être lâchement abattu, le 4 octobre 1957 à Zelmata dans l'actuelle wilaya de Mascara.
Dans un message transmis au Forum, l'ancien ministre, Daho Ould Kablia a rappelé que le chahid «Si Khaled» demeure gravé dans la mémoire de l'ensemble de ses compagnons de route de la Wilaya V. Mettant à profit cette opportunité, Daho Ould Kablia a rappelé que le chahid Docteur Isaâd Hassani a été de tous les combats. «Il a été blessé par les forces d'occupation coloniales à Zeralda avant d'être arrêté et lâchement exécuté pour avoir refusé de faire une déclaration de reddition à la radio», a-t-il conclu.


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