Algérie

Un passionné du soleil et de chaleur humaine



Un passionné du soleil et de chaleur humaine
Aussi étonnant que cela puisse paraître, Gide a beaucoup aimé l'Algérie pour ses habitants qu'il a trouvés chaleureux et hospitaliers, et pour le pays dont le climat est merveilleux.C'est pourquoi, cet écrivain de renommée a séjourné plusieurs fois chez nous de 1893 à 1945, et surtout à Bou Saâda et à Biskra. Un natif de Biskra devenu philosophe de haut niveau, Koriba Nabhani a dit avoir connu Gide là où il a eu coutume de venir par intermittence, Tolga et Biskra. Ce maître de l'écriture romanesque est passé par l'Italie, peut-être par la Sicile ou la Sardaigne avant de venir en Tunisie puis en Algérie où il avait décidé de se fixer dans le grand sud. Alger et Blida qu'il avait visités ne présentaient aucun intérêt pour lui. Les séjours répétés en Algérie qui en disaient long Le Sud algérien a été pour lui un espace de ressourcement et d'inspiration. C'est à la faveur de ses fréquents et longs séjours à Biskra puis à Bou Saâda qu'il a élaboré deux de ses romans classés parmi les meilleurs de sa production : «Nourriture terrestre» (1897) et «L'immoraliste» (1902). Puis d'autres voyages vers le Sudauront lieu en 1896, 1897, 1899, 1900-1902, 1903, 1906 et jusqu'en 1945, avec à chaque fois de nouvelles découvertes et des connaissances enrichissantes. Il se lie d'amitié avec les gens du pays : Athman, Ali, Sadek, Mokhtar, Bachir, El Hadj qu'il a pris soin d'installer comme personnages de récits comme les romans, nouvelles, lettres ; il en est ainsi des titres : « Si le grain ne meurt», «la tentative amoureuse», «Paludes». Le grand sud de l'Algérie l'a subjugué comme Etienne Dinet l'a été au point de devenir musulman pratiquant et hadji. Ce qu'il dit, à partir de son lieu d'hébergement à Biskra, l'hôtel royal : «Biskra me plait plus que je ne peux dire, ce n'est pas l'Oasis, c'est le désert, ce sont les Arabes que j'aime. Je crois que j'y retournerai bien des années».Il y reviendra en 1896, 1899, 1900, 1903, 1929, 1943. Une fois, après s'être fait accompagner par des membres de sa famille, plusieurs fois et durant les années précédentes, il a tenu à y venir avec le peintre célèbre Paul Albert Laurens en mal de décors et de personnages singuliers. L'artiste a réalisé de nombreux tableaux consacrés aux gens du pays habillés à la mode traditionnelle et des paysages devenus pour lui familiers. Auteur d'?uvres à coloration exotique L'auteur a choisi de peindre sous des couleurs algériennes pour mieux intéresser le public des lecteurs de son pays comme ceux du pays d'accueil. Peut-être s'est il inspiré d'Alphonse Daudet qui, paraît-il, a consacré des livres à l'Algérie sans y être venu, uniquement pour susciter la curiosité de la métropole, à une période déterminante dans l'histoire de son pays colonisateur. Il y a eu Voltaire qui a fait faire un voyage merveilleux à travers les continents, à ses personnages, dans le roman philosophique célèbre «Canidide», puis Montesquieu avec ses lettres personnes, et les grands poètes orientalistes : Lamartine, Verlaine, Rimbaud, etc. André Gide est venu en Algérie par alternance avec ses voyages en ex-URSS, en Italie, au Congo. Ce qui explique les occasions qu'il s'était procurées pour composer : «Voyage au Congo», «Les Cloches du Vatican», «Retour d'URSS» Mais l'Algérie semble l'avoir beaucoup fasciné, pour son grand Sud qui lui a apporté tout ce qu'il désirait pour être heureux. «André Gide et l'Algérie» est un livre composé de flashs, photos, déclaration de Gide ; les pages proviennent d'un collectif de participants qui ont bien voulu que cela paraisse et reste dans les archives pour montrer à quel point un écrivain peut aimer un pays. Dans son ?uvre de 1903, «Le renoncement au voyage», Gide dit être «obsédé par le désir de ce pays, qui chaque année s'exaltait en moi vers l'automne. Je projetai d'écrire en livre sur l'Afrique. Je travaillai tout l'été d'après mes souvenirs. Quand, pour la sixième fois, je n'embarquai pour l'Algérie, le livre que j'espérais en rapporter était tout autre que celui que j'offre aujourd'hui. Les plus graves questions économiques, ethnologiques, géographiques, devraient y être soulevées. Il est certain qu'elles ne passionnèrent. J'emportais des cahiers que je voulais remplir de documents, de statistiques». Le livre étant composé de panneaux, le n°11 de ces panneaux pris au hasard nous révèle que Gide ne venait pas seul, mais souvent accompagné par sa s?ur, sa mètre, peut être sa compagne : Madeleine Gide en Algérie. Photographie Coll-Catherine Gide. En novembre 1903, Madeleine Gide rejoignit son mari à Alger et ils s'installèrent à Biskra où il écrivit «Le renoncement au voyage». Dans une photo en noir et blanc, on voit probablement à Biskra, sinon à Touggourt ou à Bou Saâda, on voit deux dames de sa famille, attablées dans un café ou restaurant, aux côtés de Gide et d'hommes du pays, des Arabes que Gide a beaucoup aimés, enturbannés et emmitouflés dans leur burnous. On veut terminer par ce beau passage de l'auteur sur l'immensité sablonneuse qu'il décrit comme une mer bleue sous le ciel d'un bleu très pur, du désert. «11 avril 1896 Chotts prestigieux liserés de mirages. Du haut d'une colline sablonneuse après l'immense étendue du désert, on pense : Tiens ! la mer ! une vaste mer bleue avec des esquifs et des îles, une mer qu'on imagine profonde et notre âme en est rafraichie. On approche, on touche le bord et ce bleu brusquement disparaît qui n'était qu'un reflet du ciel sur une blanche croûte salée, brûlante aux pieds, douloureuse aux regards, splendide d'éblouissements, qui cède sous les pas, fragile, car ce n'est rien que la mince surface d'une mer de mouvante boue où s'engloutissent des caravanes. Ainsi, dans un ensemble apparemment monochrome, Gide en tant qu'homme de lettres, auteur d'?uvre romanesque à dominante poétique, voit de la vie partout, y compris dans ce désert ne donnant à voir que le sable et le ciel bleu. Par son imagination fertile, il marque le lien entre le présent et les origines des régions désertiques et de leurs occupants. Il sait parler à tout le monde : vivants et invisibles. Andre Gide et l'Algérie, 48 pages, imprimerie Trulli à Vence, 1993, collectif de participants à l'édition




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