Algérie

Un passage remarqué à El Moudjahid



Son passage à El Moudjahid, dans les années 1980, en tant que directeur de la rédaction, épaulant Abdelaziz Morcelli dans ses fonctions de directeur général, est encore à l'esprit.

Avec l'arrivée de Chadli au pouvoir, des initiatives ont été engagées pour déverrouiller quelque peu l'expression dans notre pays. Le système politique avait besoin d'être dépoussiéré. L'arrivée de Bachir Rezzoug avait fait le bonheur des jeunes journalistes, formés pour la plupart à l'université et bardés de diplômes, mais qui se roulaient les pouces. El Moudjahid était fidèle à sa vocation d'organe d'Etat où il était très difficile de s'éloigner des sévères instructions tracées en matière d'information. L'expression était totalement bridée. Bachir Rezzoug était connu pour être un parfait trublion en la matière, jouant allégrement avec les lignes rouges fixées par les autorités. En quelques semaines, il a brisé tous les carcans, cassé des tabous, faisant voler toutes les cloisons ; le journalisme était au centre de tous les intérêts. Le ronronnement dans lequel était plongé le journal a laissé place au dynamisme et à une créativité sans précédent. C'est un autre journal que découvrent les lecteurs, d'une autre facture tant au plan du contenu que celui graphique.Bachir Rezzoug fouette les ardeurs, déniche les talents, impulse le travail collectif et collégial. Il a l'art de mettre le journaliste en condition d'épanouissement. Il a eu peut-être tous les défauts du monde, mais il vivait pour le journalisme, un être inventif et créatif. C'était une passion pour lui, « sa famille » comme il aimait à le répéter' S'appuyant sur le reportage, l'enquête, en Algérie et à l'étranger, les dossiers, les études, il avait revigoré El Moudjahid qui est, malheureusement, très vite retombé dans ses travers d'organe officiel, ne portant d'intérêt que pour les activités officielles des dirigeants du pays, après l'éviction de Bachir Rezzoug.La belle aventure avait duré à peine une année. La chape de plomb s'est à nouveau refermée sur le journal. Son bref passage à El Moudjahid empêchait les puissants de notre pays de dormir. Ils ne concevaient pas que « leur journal » les mette en cause tous les matins, critique leur gestion' Morcelli était harcelé. Ils ont fini par avoir sa peau. Mais il avait donné la preuve qu'à force de persévérance, il était tout à fait concevable, dans un organe public d'information, d'offrir aux lecteurs une information digne, de qualité et qui aurait pu éviter bien des désagréments à la société. A force de brimades, d'étouffement, le résultat a été désastreux pour le pays. Tout a été verrouillé. Bachir Rezzoug, grâce à sa vision, son talent, a en réalité semé les jalons de la formidable aventure journalistique des années 1990.




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