La plupart des religieux assassinés pendant la décennie noire en Algérie étaient d'origine française, mais beaucoup ont passé toute leur vie en Algérie. L'un des frères de Tibhirine, Luc, y était installé depuis les années 1950. Pierre Claverie, évêque d'Oran, en était natif.La béatification de Mgr Pierre Claverie, ancien évêque d'Oran, des moines de Tibhirine et de 11 autres religieux tués en Algérie entre mai 1994 et août 1996 est imminente. Le Vatican a reconnu samedi dernier leur martyre. Dans la terminologie catholique, ils sont morts in odium fidei ? en haine de la foi ? martyrs. C'est sous cette qualification que seront béatifiés les 19 religieux.
L'archevêché d'Alger et les évêchés de Constantine, Oran et Laghouat ont, dans une déclaration commune, désamorcé rapidement l'incompréhension qui pourrait surgir : «Ces béatifications disent que la haine n'est pas la juste réponse à la haine, qu'il n'y a pas de spirale inéluctable de la violence.
Elles veulent être un pas vers le pardon et vers la paix pour tous les humains, à partir de l'Algérie mais au-delà des frontières de l'Algérie. Elles sont une parole prophétique pour notre monde, pour tous ceux qui croient et ?uvrent pour le vivre-ensemble.» Parmi ces martyrs, on compte les sept moines de Tibhirine, enlevés en mars et dont les têtes ont été retrouvées en mai 1996, et Mgr Pierre Claverie, ancien évêque d'Oran qui clôt la liste macabre, en août 1996 à Oran.
Les deux premières victimes chrétiennes du terrorisme furent le frère mariste Henri Vergès (64 ans), présent en Algérie depuis 1969 et la s?ur assomptionniste Paul Hélène Saint Raymond (67 ans), abattus dans La Casbah d'Alger. Les s?urs Esther Paniagua (45 ans) et Carida Maria Alvarez Martin (61 ans), membres de l'Ordre des Augustines, basé à Madrid, furent assassinées en octobre 1994, au sortir de leur petite chapelle à Bab El Oued.
Le 27 décembre 1994, alors que le détournement du vol d'Air France Alger-Paris s'était achevé, à Marseille la veille de Noël, par la mort des terroristes, après l'assaut de l'appareil par le GIGN français, quatre pères blancs, sont assassinés dans leur maison religieuse à Tizi Ouzou : Christian Chessel (36 ans), Alain Dieulangard (75 ans), Jean Chevillard (69 ans), Charles Deckers (70 ans), ce dernier, Belge naturalisé Algérien, attaché à Notre-Dame d'Afrique, était venu rendre visite à ses amis.
Le 16 septembre 1995, deux s?urs, Denise Leclercq (65 ans) et Jeanne-Angèle Marie (62 ans), de la congrégation Notre-Dame des apôtres sont abattues à Belcourt, après 30 ans de séjour et d'activité sociale dans le quartier. Quelques jours plus tard, en novembre à Alger, deux s?urs sont mitraillées à Alger.
Une d'entre elle, Odette Prévost (63 ans), des Petites S?urs du Sacré-C?ur du père de Foucauld (assassiné en Algérie en décembre 1916, béatifié en 2005) y laisse la vie, l'autre est gravement blessée mais elle s'en sortira. Puis ce furent les moines de Tibhirine au printemps 1996, puis Pierre Claverie en août de la même année.
Pour le journal La Croix, cette béatification rapide, puisqu'elle fut initiée en 2007, n'a pas que des défenseurs au sein de cette Eglise d'Algérie, «habituée à la discrétion pour des raisons à la fois politiques et religieuses». Ainsi, le journal rapporte les doutes : «Pourquoi distinguer ceux qui sont morts de tous ceux qui, contre l'avis de leurs proches et parfois de leur congrégation, sont restés au plus fort de la tempête?' Comment éviter surtout de donner l'impression que l'Eglise d'Algérie ne célèbre que ??ses'' victimes en oubliant toutes les autres?'»
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Posté Le : 30/01/2018
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Walid Mebarek
Source : www.elwatan.com