Algérie

Un parti dénonce: Polémique autour d'un rapprochement marocain avec Israêl



Une nouvelle polémique au Maroc sur ses relations avec l'entité sioniste semble prendre forme ces derniers jours avec les accusations d'un parti islamiste de l'opérateur historique de faire des affaires avec des entreprises israéliennes. Et d'encourager, dans la foulée, un nouveau rapprochement entre le Maroc et Israël.

C'est en tout cas ce qu'affirme dans une véhémente protestation le Parti pour la Justice et le Développement (PJD, opposition), qui menace de porter cette affaire devant le parlement.

Lahcène Daoudi, n°2 du parti (SG-adjoint), accuse Maroc Télécoms d'avoir conclu des contrats avec des entreprises israéliennes dans le secteur de la téléphonie mobile. Le secrétaire général adjoint du PJD demande à l'opérateur historique marocain «d'annuler ces contrats», qui portent notamment sur les services du roaming.

Le PJD, un des partis les plus ancrés dans l'électorat marocain avec l'association islamique El-Irchad Wal Ihsane de Cheikh Yacine, assigné à résidence dans sa demeure à Salé (près de Rabat), a menacé, par la voie de Lahcène Daoudi, de saisir le parlement pour une séance débat et annuler ces contrats. «Ces contrats (avec des entreprises israéliennes) ne sont qu'un encouragement gratuit au rapprochement avec Israël, et qui ne bénéficient qu'à l'entité sioniste», souligne le 2e homme fort du PJD. «Le Maroc (officiel) n'a pas de relations avec Israël, et le peuple marocain est contre tout rapprochement avec Israël», estime encore Lahcène Daoudi, relevant que «la politique de Maroc Télécoms (de travailler avec des entreprises israéliennes) va à contresens de la position officielle du Maroc et du peuple marocain». Pour le coordinateur du mouvement national de solidarité avec les peuples palestinien et irakien, Khaled Essefiani, «l'Etat marocain doit faire cesser cette mascarade. Il y a une autorité nationale, et le gouvernement doit faire appliquer ce principe, même si des entreprises étrangères ont des actions dans une entreprise marocaine», a-t-il dit, sans citer l'opérateur de téléphonie marocain.

De son côté, Maroc Télécoms a répondu à ces accusations, légitimant ces contrats avec des entreprises israéliennes du fait de la forte présence de la communauté marocaine d'origine juive en Israël, réfutant toute accusation de rapprochement ou de relations avec l'entité sioniste. Plus important opérateur de téléphonie au Maroc, le groupe de Abdeslam Ahizoune a réalisé au 1er semestre 2010 un chiffre d'affaires consolidé de 15,4 milliards de dirhams (1,4 milliard d'euros), soit une hausse de 6% par rapport à 2009. Détenu à 51% par le groupe multimédia français Vivendi Universal, Maroc Télécoms a réalisé un résultat net part (bénéfice) du groupe de 4,4 milliards de dirhams (environ 410 millions d'euros) en «retrait» de 4,1% par rapport à 2009.

Mais, malgré les démentis de Maroc Télécoms, implanté dans plusieurs pays africains francophones, le Maroc reste l'un des partenaires les plus proches d'Israël, même aux plus forts moments des crises israélo-arabes. Il y avait d'abord le défunt roi Hassan II qui utilisait la carte juive pour se mettre dans la peau d'un interlocuteur incontournable dans les négociations de paix entre Palestiniens et Israéliens. En 1994, dans l'euphorie des accords d'Oslo, Hassan II ordonne l'ouverture d'un bureau de liaison marocain à Tel-Aviv et d'un bureau de liaison israélien à Rabat.

Lobbying pour l'annexion du Sahara Occidental

Ce ne sont pas des ambassades, mais c'est tout comme, puisque l'aspect politique et commercial est prépondérant. Pour plusieurs observateurs, jusqu'en 1999, le roi du Maroc utilisait le conflit israélo-palestinien autant pour briller sur la scène internationale que pour ériger son pays en interlocuteur incontournable dans le processus de paix au Proche-Orient, profondément convaincu, semble-t-il, qu'une solution politique reste la seule issue. En mars 2005, la télévision publique israélienne affirme qu'un accord de principe est finalement conclu entre Mohammed VI et le vice-Premier ministre de l'époque, Shimon Pérès, à l'issue d'une rencontre lors de la commémoration du premier anniversaire des attentats de Madrid en Espagne. Et en 2007, le Maroc réitère non officiellement son désir de rétablir ses relations avec l'Etat hébreu. Selon certaines sources, cette offre reposerait sur un échange avec Israël en vue d'un fort lobbying israélien en faveur de la politique annexionniste marocaine du Sahara Occidental. Et si officiellement le Maroc n'a pas de relations diplomatiques «ouvertes» avec Israël, cela n'a jamais empêché des ministres de se rendre au royaume chérifien.

Les relations intimes entre le Maroc et Israël ne sont en fait un secret pour personne, au point que Mohammed VI a gardé dans son cabinet le conseiller politique de son père, André Azoulay, natif d'Essaouira et représentant des juifs du Maroc. Feinte ou réelle, l'inquiétude de l'opposition politique vis-à-vis d'une position ambiguë du gouvernement avec Israël a de quoi jeter le trouble au sein de l'électorat marocain. Et la polémique ne fait que commencer.




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