Algérie

Un parcours semé d'embûches



Dangers - «Dans des coins obscurs et isolés, nous sommes souvent attendus par des voyous équipés d'armes blanches. Ils s'attaquent même à nos bêtes».Dans les escaliers étroits de La Casbah, ces ouvriers peinent à accomplir leurs missions, surtout que certains accès sont bloqués en raison de travaux d'entretien que subissent des bâtisses menaçant ruine.
Après le chargement de sacs d'ordures de plus de 50 kg sur le dos des baudets, commence un long parcours jusqu'à la décharge communément appelée «la fosse», se trouvant sous la muraille de La Casbah en allant vers Soustara. C'est là que les ordures sont déposées, soulageant, enfin, les bêtes de leur lourd fardeau. Des camions de Netcom prennent la relève et emmènent ces déchets vers les décharges publiques de la capitale.
«Dans des coins obscurs et isolés, nous sommes souvent attendus par des voyous munis d'armes blanches. Ils s'attaquent même à nos bêtes. Ils prennent un malin plaisir à nous rendre la vie plus dure qu'elle ne l'est déjà. Parfois, nous leur donnons notre argent de poche pour avoir la paix. C'est trop, nous sommes traités comme des esclaves !», se plaint un employé que nous avons rencontré au niveau de «la fosse». «J'ai plus de vingt ans dans ce travail de misère et je n'ai jamais vu autant d'agressions que ces derniers temps. Face aux insultes, nous baissons la tête et nous nous taisons. Pourtant, ceux qui nous insultent savent que c'est le besoin qui nous a poussés à accepter ce boulot», poursuit-il. Certains énergumènes, sans foi ni loi, n'hésitent pas à jeter leurs sacs d'ordures, depuis les terrasses, sur la tête de ces éboueurs. «Il y a quelques jours, un collègue, atteint par un sac d'ordures rempli d'objets tranchants, a été gravement blessé au cou. Ici, nous sommes livrés à nous-mêmes», dit notre interlocuteur. Les mauvais traitements que subissent, quotidiennement, les nettoyeurs de La Casbah ne datent pas de longtemps. Avant, les habitants témoignaient d'un grand respect et de la considération pour ces travailleurs qui accomplissent une tâche ingrate. «Dans les années 1980 et bien avant, les habitants nous offraient même du café et des gâteaux. Ils étaient convaincus de l'utilité de notre travail pour que leur cité reste propre et, de ce fait, nous facilitaient la tâche», se rappelle Boualem, la cinquantaine, qui cumule près de trente ans de service. «Les habitants respectaient aussi les horaires de sortie de leurs déchets ménagers. Notre travail était beaucoup plus facile qu'aujourd'hui», ajoute cet ouvrier qui s'apprête à prendre sa retraite d'un métier qui, dit-il, «a eu raison de ses forces physiques et mentales». Cet avis est partagé par nombre d'habitants de La Casbah. «C'est désolant de voir des gens se moquer de ces ouvriers qui veillent à l'hygiène de leur cité. On assiste, malheureusement, impuissants, à ces agissements honteux. Les autorités locales doivent y remédier rapidement et définitivement», affirment-ils.


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