Algérie

Un parcours qui reste à connaître



Un parcours qui reste à connaître
Les éditions Echihab nous ont habitués à des publications qui, en matière d'histoire du moins, dévoilaient des vérités tues ou peu connues. Elles témoignaient souvent de l'intérêt ou de la curiosité animant leurs auteurs. Il suffit de citer le récent ouvrage de Mme Oufriha sur les empires musulmans au Maghreb, les mémoires de Zohra Drif, les travaux de Daho Djerbal ou l'évocation par Salah Laghrour de son frère Abbas, le bras droit de Ben Boulaïd qui eut un destin tragique. Une fois n'est pas coutume, l'ouvrage* de Farid Bitat fait fi des exigences élémentaires de la recherche. Le neveu de Bitat était pourtant sur un sujet captivant en partant sur les traces d'un des fondateurs du FLN. On connaît peu de ce dernier sinon sa longue carrière de ministre puis à l'APN dont il était le président de mars 1977 à sa démission en octobre 1990. Il n'a pas rédigé de mémoires comme Aït Ahmed. Il n'a pas inspiré d'écrits comme Krim Belkacem, Ben M'hidi ni de films, à l'instar de Ben Boulaïd, et sa parole ne s'est pas répandue dans les interviews à la presse écrite ou télévisée comme celle de Ben Bella. S'attendait-on légitimement à mieux connaître le parcours de celui qui fut désigné, le 1er novembre 1954, responsable de la Wilaya 4 avant d'être arrêté en mars 1955. Il fera comme beaucoup de militants le tour des prisons en Algérie puis en France.Le meilleur et le pireHélas, trop souvent, l'auteur perd le fil de son récit et s'égare dans des considérations, respectables ou contestables, sur les pieds noirs, les juifs, les harkis, la place de la religion dans le combat libérateur. Elles n'ont qu'un lien indirect avec le sujet. Nous apprenons tout de même que Bitat, natif de Aïn Kerma (actuel Messaoud-Boudjeriou) dans la périphérie de Constantine, a vécu, dès sa petite enfance, dans les quartiers populaires de cette ville (Rahbet-Essouf, Sidi-Djliss). Il ira jusqu'au CEP et sera un dirigeant d'une section de l'OS aux côtés de Mohamed Mechati. Ce sont les rares bonnes pages qui se lisent avec plaisir. Quelques photos des lieux ressuscitent cette période mais aucun témoignage ne permet de mieux cerner la personnalité de Bitat. Le pire, ce sont les inexactitudes impardonnables qui parsèment le fil du récit. En page 26, on lit avec étonnement que l'Udma a enfanté l'OS en février 1943 ! On ne sait pas par ailleurs si Bitat rejoint le PPA à 15 ans (p. 26) ou à 17 ans s'il a adhéré en 1942 (p. 52). Par ailleurs, l'attaque contre la poste d'Oran n'a pas eu lieu en 1951 mais en avril 1949. Ben M'hidi n'a pas non plus remplacé Bitat dont le successeur fut Ouamrane. La période qui vit Bitat prendre parti contre le GPRA lors des années qui ont suivi l'indépendance est vite expédiée. On ne saura rien de ses motivations ou de ses positions lors de ces années exaltantes et troublées. Aucun témoignage de ceux qui l'ont alors connu ou approché n'est produit. L'auteur préfère disserter sur la nature du régime, le FLN qu'il propose de reléguer dans un musée. Etait-ce aussi si difficile d'interroger un député ou des ministres qui ont travaillé avec lui pour évoquer Bitat et sa mission dans le secteur des Transports, les lois qu'il avait soutenues ou initiées et les raisons de sa relative discrétion politique. Un extrait du message du président Bouteflika à sa disparition en 2000 figurant en ouverture a rappelé à juste titre « que son parcours est un registre de bravoure et de dignité dans lequel les nouvelles générations ont matière à puiser ». Ce livre, pourtant écrit par un universitaire, nous a laissés sur notre faim.*Rabah Bitat, un homme un histoire 138 pages




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