Chaque samedi soir, radio El Bahdja nous retrempe, à travers l'émission « Malamih andaloussia » dans une atmosphère zyriabienne. L'espace de deux heures, l'animateur Abdelhadi Boukora qui, maîtrisant son sujet, tend la perche à ses invités pour nous conduire dans le dédale du patrimoine immatériel. Association musicale, soliste vocal ou instrumental, c'est selon, déclinent les volutes musicales d'un legs ancestral à travers une « derdacha » soutenue par des figures de proue ayant pignon sur rue en la matière. C'est de bonne guerre aussi de déterrer des pans d'histoire de certaines personnalités ayant marqué la musique andalouse dans la région du Maghreb, réputée pour ses trois écoles que sont la çânaâ, le gharnati et le malouf. Samedi dernier, rendez-vous était donc pris sur le plateau pour rendre hommage à titre posthume à une icône de la radio algérienne. Il s'agit de Mustapha Kechkoul, un musicien, chansonnier et auteur de pièces théâtrales dont la mémoire a été exhumée pour la postérité par son neveu Redouane, à travers les ondes. Les auditeurs ont certainement remarqué le parcours au long souffle de l'éclectique personnage dont le travail mené de main de maître dans l'ombre révèle l'étoffe de celle de nombre d'artistes qui ont quitté ce bas monde, mais qui végètent encore dans l'anonymat. Des gens dévoués qui n'ont pas lésiné sur les moyens pour perpétuer le legs de leurs aïeux.Mustapha Kechkoul, dont la stature artistique ne fait pas écho parmi le personnel de la Radio, fait pourtant partie de cette trempe d'artistes racés qui 'uvraient loin des feux de la rampe. Son seul souci était de préserver le patrimoine tout en mettant en avant des talents dénichés par-ci, par-là. Des illustres Ahmed Sebti, Mohamed Benteffahi et Mahieddine Lakehal, jusqu'à Omar Zemmouri dit Omar Hibi en passant par Dahmane Benachour, les frères Bahar et Fakhardji et autres Abdelakrim Dali, Mustapha Skandrani, Sid-Ahmed Serri, Mohamed Khaznadji et Mohamed Mezaâche pour ne citer que ceux-là sont autant de mélomanes dont les répertoires agrémentaient les fêtes familiales et cafés maures. Des « qaâdate andaloussia » étaient même organisées dans des cercles restreints dans l'ancienne médina qu'est La Casbah. Un réceptacle où nombre de boutiques étaient des lieux de convivialité et de rencontres vers lesquels affluaient les mélomanes qui côtoyaient, sans gêne ni froissement, les « moudarissine » de l'école Echabiba de l'ex-Rampe Valée, les hommes de culture et autres muphtis. A l'image de l'espace d'ébénisterie d'art de la rue Benachère ' et non menuiserie comme annoncé gauchement lors de l'émission ' dont l'octogénaire artisan continue à évoluer à pas feutrés dans son univers. Un univers où la patine du temps convoque la souvenance : celle de l'art raffiné qui était le dénominateur commun de la vie citadine.
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Posté Le : 27/01/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : M. Tchoubane
Source : www.elwatan.com