Algérie

Un paisible hameau transformé en décharge à ciel ouvert



Un paisible hameau transformé en décharge à ciel ouvert
Habitant pourtant à 7 km du centre-ville, la population souffre depuis des années, en l'absence de moyens de transport réguliers.En traversant la route de Chettaba, en direction de la petite localité d'El Djebass, au milieu d'un magnifique paysage forestier, les usagers de ce tronçon sont choqués par le décor des amas de déblais jetés un peu partout dans la nature. Une image désolante pour les habitants de ce bourg tranquille, situé à 7 km de Constantine, et qu'on peut rejoindre à partir de la cité Benchergui, après un passage obligé par une piste en mauvais état de près de 2 km. «Depuis quelques mois, des camions viennent la nuit décharger toutes sortes de déblais, notamment les déchets durs résultant des démolitions ; ces gens viennent de Constantine et continuent d'agir en toute impunité malgré toutes nos plaintes transmises aux autorités concernés», déplore Tahar B., un habitant d'El Djebass.Le plus grave dans ce phénomène est lorsqu'il s'agit de l'implication de l'APC de Constantine, dont les engins ne cessent, selon certains habitants d'El Djebass, de faire des allers retours vers cette région pour se débarrasser des déblais provenant des différents projets engagés dans la ville. «Je vous assure que nous avons remarqué des mouvements incessants des camions de la commune de Constantine, venus ces derniers temps, décharger les déblais résultant de la démolition du centre culturel Al Khalifa, sur le terrain de football que nous avons aménagé juste au dessus de l'ancienne usine de plâtre, fermée depuis cinq ans», révèlent-ils, non sans dénoncer cette manière d'agir en violation de la loi de protection de l'environnement, interdisant le rejet de toutes sortes de déchets en milieu forestier. «En plus de la marginalisation dont nous sommes victimes depuis des décennies, on veut transformer nos terres en décharges publiques», s'indigne Tahar, qui nous a servi de guide dans la localité d'El Djebass.Cette dernière, dont l'existence remonte bien avant la colonisation, souffre encore de nombreux problèmes qui ont rendu la vie trop dure à ses habitants. «La plupart des jeunes ont quitté les douars pour s'installer en ville à la quête d'un emploi; ils ont abandonné le travail de la terre et l'élevage, devenus très peu rentables ; ceux qui n'ont pas trouvé un poste dans une entreprise ou dans l'administration sont soit des commerçants ambulants, soit des chauffeurs de taxis clandestins», nous dira un vieil homme.-L'eau à dos d'ânes«En 2014, soit 52 ans après l'indépendance de l'Algérie, les habitants d'El Djebass continuent de parcourir des kilomètres pour ramener l'eau des sources à dos d'ânes, comme durant l'époque coloniale. Certes le projet d'alimentation en eau potable de la région avait été programmé, mais les travaux traînent depuis des années », nous dira notre interlocuteur. En fait, El Djebass, composé de plusieurs maisons et petites fermes, disséminées sur des collines à une altitude de 600 à 800 m, devait être alimenté à partir du château d'eau de la cité Boussouf. Une opération lancée il y a trois ans, mais qui tarde à être achevée, malgré la pose des conduites. «C'est un véritable calvaire pour les 70 familles d'El Djebass, notamment les enfants, sachant que de nombreux habitants éleveurs de cette région ont besoin aussi de l'eau pour leurs troupeaux et d'autres pour l'irrigation des terres agricoles», souligne notre guide.Des promesses ont été données par les responsables des services de la direction de l'hydraulique de la wilaya, mais la situation demeure toujours en stand-by. La population vivra encore un énième été sans eau. Ceci sans parler du sempiternel problème de transport. L'on saura que quatre bus seulement sont affectés à cette localité, travaillant un jour sur deux. Un bus assure le service le matin à partir d'El Djebass vers la rue Kitouni Abdelmalek, au centre-ville de Constantine, alors qu'un autre fera le chemin inverse, avec une seule rotation en fin d'après-midi, c'est tout. En cours de journée, les gens se déplacent jusqu'à la RN27, à l'entrée de Benchergui pour dénicher un taxi.Ils doivent ainsi faire sept kilomètres à pied, ou attendre l'arrivée peu probable du bus, après une traversée de plus d'une heure. «Le plus dur est à endurer par nos écoliers qui parcourent près de trois kilomètres, quatre fois par jour, encourant les dangers des chiens errants et même des loups tôt le matin, alors que pour les collégiens et les lycéens, c'est le parcours du combattant vers les établissements de Benchergui», dira Tahar. Même le tronçon de la route, bitumé il y a quelques mois est resté insuffisant. Il s'arrête au bout de 3 km seulement, puis c'est encore la piste, dure à traverser, notamment en hiver.Ce même tronçon, trop exigu est aussi trop dangereux, selon les habitants. «Durant les chutes de neige, on est complètement isolés, alors que les inondation de l'oued qui traverse la partie haute d'El Djebass, coupe la région en deux ; certaines familles ne peuvent plus se déplacer durant des semaines», rappelle notre guide. «Au mois d'avril dernier, en pleine campagne pour la présidentielle, une équipe de la commune est venue installer un bout de tube en amiante, couvert de tout-venant de carrière, pour servir de passage pour les habitants des autres collines», poursuit-il. Après les élections, les mêmes responsables n'ont donné aucun signe de vie à ce jour.




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