Un lobbyiste américain payé par le gouvernement marocain n'engage pas forcément Rabat. C'est un personnage rétribué qui fait feu de tout bois dans les coulisses du Congrès et dans les médias pour «vendre» son client en jouant sur les thèmes qui «portent». Edward M. Gabriel, l'ancien ambassadeur des Etats-Unis à Rabat et désormais «conseiller » du gouvernement marocain, est spécialiste des interventions opportunistes de ce genre. En mars 2011, ce lobbyiste avait accusé l'Algérie et le Polisario d'envoyer des mercenaires en Libye pour soutenir Kadhafi. La reprise de ces accusations par l'agence officielle marocaine Map avait suscité une réaction froide à Alger. «Ce genre de déclaration n'est pas un facteur qui hâte l'ouverture des frontières », avait averti Ahmed Ouyahia.
Le lobbyiste de Rabat vient de récidiver dans un article publié dans The Christian Science Monitor - la célèbre revue précise clairement les fonctions de M. Gabriel pour éviter toute confusion - où il affirme que le «grand arc d'instabilité» qui va du Soudan à l'Afrique du Nord s'arrête à la «frontière» du Maroc. Et que les Etats-Unis doivent s'appuyer sur le Maroc pour faire face aux «menaces qui viennent du Mali, de Libye et d'Algérie». M. Gabriel n'hésite devant rien pour faire les louanges du Maroc, «un îlot de calme et de progrès dans une région chaotique» et qui pourrait aider les Etats-Unis à relever le «défi stratégique» posé par l'extrémisme évoqué par Hillary Clinton. A la différence de son intervention en 2011, le lobbyiste officiel de Rabat ne se livre pas à des accusations contre l'Algérie. Il se contente de mettre le Maroc hors de «l'arc d'instabilité» dans lequel sont incluses l'Algérie, la Tunisie, la Libye, l'Egypte et l'Afrique centrale et loue sa «stabilité» et sa «sécurité» et ses «réformes politiques et économiques progressistes».
On est clairement dans l'offre de service. Que l'on retrouve dans un article du ministre marocain de l'Economie, publié dans le journal Le Monde, dans lequel il présente le Maroc comme un pivot sur lequel les Occidentaux peuvent s'appuyer pour apporter un «climat de stabilité» dans la région sahélienne. Le plus remarquable dans la contribution de Nizar Baraka est que son «plaidoyer» pour l'intégration maghrébine s'adresse aux Occidentaux comme s'il s'agissait de profiter du stress sécuritaire actuel dans la région pour débloquer la situation au Maghreb au profit du Maroc. L'arrière-pensée n'est pas difficile à déceler quand on connaît que la source de ce blocage maghrébin est la question du Sahara Occidental.
A DES DEGRES DIVERS, LE LOBBYISTE DE WASHINGTON ET LE MINISTRE DU ROI SEMBLENT ENVOYER LE MEME MESSAGE AUX OCCIDENTAUX: LE MOMENT EST «OPPORTUN» POUR METTRE LA PRESSION SUR ALGER QUI SE RETROUVE, AVEC L'ATTAQUE DE TIGUENTOURINE, EN POSITION DEFENSIVE. CELA PEUT SEMBLER DE «BONNE GUERRE» MAIS IL N'EST PAS CERTAIN QUE LE MAROC EN PROFITERA REELLEMENT. IL RESTE QUE CET «OPPORTUNISME» MAROCAIN EST TRES PEU MAGHREBIN. ET IL N'EST CERTAINEMENT PAS LE MEILLEUR MOYEN D'AVANCER DANS LA CONSTRUCTION MAGHREBINE.
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Posté Le : 30/01/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : M Saadoune
Source : www.lequotidien-oran.com