Algérie

Un observatoire pour parer aux menaces



Un observatoire pour parer aux menaces
Le 2e Forum de la presse maghrébine, tenu à Hammamet du 29 au 31 mai, a décidé de mettre en place sans délai un observatoire de la presse maghrébine pour coordonner la résistance du secteur contre les menaces dont il fait l'objet. Editeurs de journaux, journalistes et experts des médias maghrébins ont débattu, deux jours durant, le thème «Quelles menaces sur la presse maghrébine aujourd'hui '», en collaboration avec des experts de l'Union européenne.Dans leur synthèse de la situation, présentée dans le communiqué final, les présents ont relevé que «les principales menaces qui handicapent la profession de journaliste se résument notamment dans le manque de viabilité économique des entreprises de presse, l'insuffisance des initiatives de mutualisation des moyens matériels et techniques, ainsi que la chute du lectorat et la précarité des conditions socioéconomiques du journaliste maghrébin». Le communiqué a également mis l'accent sur «les agressions et les atteintes à l'intégrité physique des journalistes dans des contextes politiques parfois incertains et marqués par les surenchères extrémistes».Laquelle situation est aggravée par «l'absence d'instance collective de veille et de solidarité à l'échelle maghrébine». En réponse à ces manquements constatés, les participants ont décidé «la mise en place sans délai de l'Observatoire de la presse maghrébine, doté d'un secrétariat permanent». Mme Laura Baeza, ambassadrice, chef de délégation de l'Union européenne en Tunisie, a également promis, dans son allocution de clôture, de «mettre au point, dans les semaines à venir, un site web interactif qui sera au service des journalistes maghrébins et de leurs institutions, qui assureront la tenue de ce site».Différends révélateursLe Forum de la presse maghrébine a, certes, mis à l'index les tentatives des pouvoirs publics de museler les médias, notamment via les fonds de la publicité et les contraintes légales. Mais plus révélateur encore, de telles pratiques sont parvenues jusqu'aux débats du Forum et dans ses coulisses. Ainsi, suite à la présentation du rapport du docteur Ahmed Hidass sur «la liberté de la presse écrite au Maroc», le président de la Fédération marocaine des éditeurs de journaux, Miftah Noureddine, lui a reproché dans les coulisses «sa présentation négativiste de l'état des lieux de la presse au Maroc». Outre les atteintes aux libertés, le docteur Hidass a insisté sur la non-évolution du nombre de tirages. «200 000/jour en 1956 et aujourd'hui, alors que la population s'est multipliée par trois», a-t-il relevé, malgré le soutien de l'Etat.Alors que l'on croyait l'incident clos, M. Miftah est revenu le lendemain à la charge pour accuser, cette fois, l'ambassadeur de l'UE, Mme Laura Baeza, de «partialité», parce qu'elle a donné une «appréciation favorable au paysage médiatique algérien», ce qui a nécessité l'intervention du directeur d'El Watan, Omar Belhouchet, pour remettre les choses dans leur contexte. «Mme Baeza a parlé de la Tunisie et de l'Algérie qu'elle connaît pour y avoir travaillé. Elle a dit qu'elle ne connaît pas les autres pays du Maghreb», lui a signifié M. Belhouchet. Mais M. Miftah ne l'entendait pas de cette oreille. Il était également remonté contre Reporters sans frontières. «Ils cherchent tous à ternir l'image du Maroc», a-t-il dit, avant de boycotter le reste des travaux, malgré les interventions de plusieurs confrères de différents pays maghrébins et de l'Union européenne. La décision est, semble-t-il, venue d'ailleurs et elle est irrévocable.Un différend sur l'octroi des fonds publics est également survenu lors des débats à propos du communiqué final. Les directeurs généraux des journaux algériens, El Khabar, El Watan et Liberté ont catégoriquement refusé de faire référence à ces fonds, en rappelant que leurs rapports aux pouvoirs publics se limitent à la défense des périmètres de la liberté et de la démocratie. Le communiqué a été corrigé pour répondre à la remarque des Algériens.




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