Algérie

Un nouveau patron pour le contre-espionnage



Le départ du général Abdelkader Kherfi dit «général Ahmed» (donné officiellement pour raisons de santé) serait dû aux nombreux coups durs essuyés par les services de sécurité dans la lutte contre AQMI. Contrairement à son prédécesseur qui a un profil d’universitaire, le général Tartag est présenté comme un homme de terrain qui possède une longue expérience dans le domaine de la lutte contre le terrorisme.La Direction de la sécurité intérieure (DSI) a changé de main depuis la semaine dernière. C’est le général Bachir Tartag qui a été rappelé pour diriger cette importante structure de renseignements dépendante du Département du renseignement et de la sécurité (DRS) en remplacement du général Abdelkader Kherfi, allias «général Ahmed». L’installation officielle du général Tartag a eu lieu jeudi, mais l’information sur sa nomination à la tête de la DSI avait déjà circulé, dans Alger, dès mardi dernier. Le départ du général Kherfi s’expliquerait par des raisons de santé. Des sources concordantes font d’ailleurs savoir que celui-ci a prévu de se rendre au courant de cette semaine à l’étranger pour y subir une intervention lourde. D’autres canaux disent par contre, mais sans toutefois en invoquer les causes, que le général Ahmed a été plutôt démis de ses fonctions. Une chose est sûre, le DRS n’a pas pour tradition d’ébruiter ses dissensions internes quand il y en a.  
Quoi qu’il en soit, le général Tartag, aujourd’hui la soixantaine passée, ne se sentira pas dépaysé à la DSI. Non seulement il en est issu mais il a déjà eu à en assurer l’intérim après notamment le décès, en 2007, de son patron, le général-major Smaïn Lamari. Le choix du général Bachir Tartag, alias Athman, pour remplacer le général Abdelkader Kherfi à la tête de la DSI, n’est en tout cas pas du tout fortuit. Contrairement à son prédécesseur qui a un profil d’universitaire, le général Tartag est surtout présenté comme un homme de terrain qui possède une longue expérience dans le domaine de la lutte contre le terrorisme. Une expérience acquise tout au long des années 1990. Et son rappel – il était à la retraire – peut correspondre à une volonté autant de la présidence de la République que du général de corps d’armée, Mohamed Mediène, le patron du DRS, de mettre le paquet pour éradiquer les derniers foyers d’Al Qaîda au Maghreb islamique (AQMI) qui subsistent encore dans le nord du pays et de prévenir une éventuelle prolifération du terrorisme aux frontières avec la Libye, le Niger et le Mali. Surtout après l’important chamboulement géopolitique que vient de connaître l’Afrique du Nord. Le danger est d’autant plus important dans la mesure où la guerre en Libye a permis aux groupes djihadistes de se ravitailler en armes et en munitions. Preuve est en : AQMI a multiplié, ces derniers mois, les attaques contre les positions des armées malienne et mauritanienne. Une source proche de la gendarmerie a affirmé à El Watan que les éléments des GGF et de l’ANP interceptent régulièrement aux frontières des cargaisons d’armes légères en provenance de Libye ou du Mali. Actuellement, il y aurait tellement d’armes en circulation dans certaines régions qu’un pistolet automatique est cédé pour presque rien. L’autre crainte serait en effet de voir aussi la Tunisie, la Libye, le Maroc et l’Egypte, des pays qui ont actuellement en commun d’être dirigés par des islamistes, décider de prêter main-forte à leurs «frères» d’Algérie pour boucler la boucle du Printemps arabe. La DSI est, rappelle-t-on, considérée comme la colonne vertébrale du DRS dans la mesure où, en plus de s’occuper des volets contre-espionnage et la lutte contre la subversion, son responsable est considéré comme l’interlocuteur privilégié des services secrets étrangers dans les dossiers liés au terrorisme. Une chose est certaine, le général Bachir Tartag, qui aime à se faire appeler lui même «le Bombardier» est un dur parmi les durs.


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