Algérie

Un «nouveau dinar» pour affronter la crise '



Va-t-on à grands pas vers un « nouveau dinar » dont la valeur avoisinerait le taux de change sur le marché noir des devises ' Le gouvernement, en adoptant résolument une politique de dévaluation du dinar, dont la valeur officiel sur le marché de change a perdu sur les trois derniers mois près de 8% face à l'euro et près de 7% face au dollar américain depuis le mois de mars dernier (1 euro = 145,64 dinars et 1 dollar = 128,22, selon le taux de change officiel au 9 juin 2020), compte renforcer la résilience de l'économie par des mesures monétaires et budgétaires. Le choc subi par l'économie nationale, dans le sillage de la chute drastique des prix du baril de pétrole et la crise sanitaire Covid-19, n'offrait pas beaucoup de choix au gouvernement pour amortir ses effets qui peuvent s'avérer ravageurs. Il y avait sur la table quelques pistes à suivre dans ce contexte, dont la planche à billets et l'endettement extérieur, vite abandonnées suite au refus catégorique du président de la République d'aller vers ces solutions où le risque de faire banqueroute est très élevé. Ne restaient, alors, aux autorités publiques que ces options d'importantes coupes budgétaires, introduites dans la Loi de finances complémentaire (LFC) 2020, dont la réduction de 141 milliards de dinars sur le budget de fonctionnement et une autre réduction de 309 milliards sur le budget d'équipement, ainsi que la dévaluation du dinar. C'est à l'aide de ce dernier mécanisme que le gouvernement compte combler le profond déficit budgétaire, approfondi par la baisse des recettes, et qui frôle les 2000 milliards de dinars (5,75 milliards de dollars). Comment ' Tout simplement parce que d'une part la dévaluation du dinar par rapport à l'euro et au dollar injectera de nouveaux revenus dans le Trésor public à travers une augmentation de la fiscalité pétrolière et la fiscalité douanière, et d'autre part cela entraînera une réduction des importations, plus chères, favorable à la production nationale, en sus d'une atténuation attendue dans cette optique de la surfacturation des produits importés, l'une des causes principales de la saignée de l'économie nationale. Est-ce pour autant une solution miraculeuse ' Bien sûr que non, car il faut compter impérativement sur une diversification de l'économie nationale dans le moyen terme et sur une stabilité des prix du baril de pétrole durant cette année 2020 pour éviter une forte récession économique. Et, la dévaluation du dinar devrait avoir ses limites. Car, en vérité, la valeur réelle de la monnaie est, surtout, déterminée par le potentiel productif national. Il y a également parmi les avantages de ce « nouveau dinar », une éventuelle ou un espoir de bancarisation de l'argent en circulation dans les circuits informels, puisqu'il n'est pas dans l'intérêt de ceux qui détiennent cet important magot, évalué à plus de 5.000 milliards de dinars, soit plus du double du déficit budgétaire, de garder dans les oreillers un capital qui s'effiloche.


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