Algérie

Un nouveau décret exécutif Chasse ouverte pour les touristes



La législation de la protection des espèces menacées dans le pays, particulièrement la gazelle «dorcas» et l'outarde «houbara», vient d'être renforcée par la promulgation, dans le Journal officiel, d'un nouveau décret exécutif fixant les procédures et les modalités d'exercice de la chasse touristique. Ce nouveau décret exécutif, adopté après une campagne de plusieurs années lancée au début des années 2000, contre la «chasse touristique» pratiquée par des émirs du Golfe en Algérie, devrait, espérons-le, aider à la protection de la faune subsaharienne menacée par ces émirs braconniers. L'heure est grave. La survie des espèces menacées ne tient, désormais, qu'à un fil, puisque le nombre des gazelles et d'outardes ne cesse de dégringoler, d'année en année, dans les wilaya du Sud comme à El-Bayadh, Ghardaïa et Béchar. La gazelle «dorcas» est presque introuvable, l'outarde quasi-inexistante et selon certaines estimations on est arrivé à un couple d'outardes sur une superficie de cent hectares. Pour nombre de spécialistes, la «chasse touristique» n'est en fait qu'un permis de tuer accordé à des privilégiés pour exterminer les derniers foyers de ces espèces protégées par des conventions internationales et qui ont déjà disparus de plusieurs pays voisins. L'outarde Houbara, décimée parce que chassée depuis 30 ans par les émirs, en Asie centrale, au Moyen-Orient, dans toute la péninsule arabique et en Afrique du Nord, est classée en annexe I de la CITES (Convention de Washington relative aux espèces de faune et de flore menacées d'extinction), autrement dit intouchable jusqu'à une remontée satisfaisante de ses effectifs mondiaux. Mais cela ne semble pas dissuader ces riches braconniers qui sont prêts à se déplacer à des milliers de km pour chasser cet oiseau de 60 à 65 cm et de couleur ocre. Les émirs du Golfe craquent, en effet, pour la chair de ce gibier, à laquelle on attribue des vertus aphrodisiaques. En une vingtaine d'années, ces émirs braconniers ont réussi un vrai exploit de pratiquement décimer ces espèces du Moyen-Orient au Maroc en passant par la Tunisie. Pour revenir au nouveau décret exécutif, il autorise l'exercice de la chasse touristique, mais exclusivement par l'intermédiaire d'agences de tourisme et de voyages agréées et éligibles à organiser cette activité après autorisation du ministère chargé de la chasse sur la base d'un cahier des charges. Les agences de voyages devraient en outre disposer d'un «territoire de chasse amodié auprès de l'administration chargée des forêts et/ou loué auprès de particuliers conformément à la législation». Le chasseur devra, quant à lui, avoir un permis de chasse validé par le wali territorialement compétent, une licence de chasser particulière à la chasse touristique, des assurances prévues par la législation et bien sûr des autorisations en matière d'armes, de munitions et d'autres moyens de chasse. Les espèces de gibiers pouvant être chassées, les quotas et la limitation des périodes de chasse sont fixées dans la «licence de chasse touristique». Le nouveau décret exécutif précise dans son chapitre II article 9 que «les agences de tourisme et de voyages peuvent faire appel à des établissements cynégétiques pour la prise en charge des repeuplements et des travaux d'aménagement cynégétiques dans les territoires amodiés ou loués». La chasse des espèces menacées est officiellement, interdite depuis 1972 en Algérie. La réglementation de 1983 n'autorise la chasse des espèces menacées que pour des raisons de recherches scientifiques.


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