Algérie

Un mur, à la mémoire des Français et harkis disparus en Algérie, inauguré


Une nouvelle provocation en direction d’Alger Le choc des mémoires revient au-devant de la scène des relations algéro-françaises à quelques jours seulement du déplacement du chef de l’Etat français en Algérie, pour une visite officielle. Cette fois-ci dans la droite ligne de la fameuse loi du 23 février 2005, glorifiant la présence française en Algérie, plus de 5.000 personnes ont assisté, hier, à Perpignan, dans le sud de la France, à l’inauguration d’un mur à la mémoire des disparus français et harkis de la guerre d’Algérie. Cette discrimination faite aux victimes algériennes de la sauvagerie du colonialisme français suffit à la relance des hostilités. L’Algérie, et à juste titre d’ailleurs, est en droit d’exiger des excuses en bonne et due forme de l’Etat français pour les crimes commis entre 1830 et 1962. L’inauguration de ce «mur des lamentations» s’est déroulée en présence du secrétaire d’Etat français à la Défense chargé des Anciens combattants, Alain Marleix, qui a tenté de mettre un bémol sur cette célébration raciste parrainée par un maire UMP. En effet, M. Marleix a déclaré: «nous devons surmonter l’affrontement systématique des mémoires pour aller à l’établissement objectif des faits et à la vérité des événements». Avant de souhaiter «une politique de mémoire assumée», ajoutant «la mémoire doit devenir ce qui nous rassemble enfin 45 ans après les faits». La veille, c’est-à-dire samedi, quelque 200 personnes se sont rassemblées à l’appel du collectif «Non au mur-musée de la mairie de Perpignan et du cercle algérianiste», pour protester contre l’inauguration de ce monument honorant les disparus français et harkis de la guerre d’Algérie. Selon les organisateurs, le rassemblement était «le symbole de l’appel de Perpignan de 50 organisations» locales et nationales (associations de droits de l’homme, partis de gauche, syndicats...) contre un mur mis en place par cette association de rapatriés, avec l’assentiment de la mairie, et qui «organise un tri sélectif des victimes de la colonisation». Ce «Mur des disparus, morts sans sépulture en Algérie (1954-63)», érigé dans une ville qui a accueilli de nombreux rapatriés, est, selon Mouloud Aounit du MRAP, «un mur dangereux parce qu’il participe aux logiques de la revanche». «En faisant la discrimination des mémoires, au lieu d’apaiser, il instille le poison du communautarisme. Il est en plus un clin d’oeil idéologique au Front national. Il ne faut pas installer des murs de division», a-t-il ajouté. Michel Toubiana, pour la Ligue des droits de l’Homme (LDH), a considéré comme un acte citoyen «la riposte à ce coup de contre le vivre ensemble (...) qui est une réhabilitation de la colonisation et une instrumentalisation des morts». «Les souffrances des victimes se valent toutes», a martelé le responsable national de la LDH, qui a stigmatisé «l’escroquerie intellectuelle de la mairie de Perpignan et du maire UMP, Jean-Paul Alduy: en aucune manière le respect aux victimes ne peut justifier la réécriture de l’histoire». Pour le représentant de l’Association nationale pour la protection de la mémoire des victimes de l’OAS, «ceux qui sont derrière ce mur sont les mêmes qui, le 5 juillet 2003, ont mis en place un monument glorifiant les tueurs factieux de l’OAS au cimetière nord de Perpignan». Il est peut-être dit que le temps de la réconciliation entre l’Algérie indépendante, jalouse de sa guerre de libération et de son identité, et la France, toujours aussi paternaliste, n’est pas encore venu et la visite de Sarkozy à Alger risque d’être contrariée sur ce point justement. Farida Kadache
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