Algérie

Un mouton pour celui qui peut!



Un mouton pour celui qui peut!
La concurrence et l'abondance n'ont aucune incidence sur le coût des moutons, c'est comme au marché des enchères.L'Aïd El Kebir est là. Les prix lambda ont d'ores et déjà pris l'envolée, ils sont intouchables à commencer par celui du mouton devant être sacrifié pour ce rituel annuel.Des milliers de familles, mises dans l'embarras, se retrouvent encore une fois dans une rude épreuve estimant qu'il est de leur devoir d'observer cette tradition religieuse en sacrifiant un mouton cornu et bien gavé.Mais à quel prix'Un agneau, dont le poids ne dépasse pas 35 kg, est proposé par les fermiers et éleveurs d'Oued Tlélat, Tafraoui, Boutlélis et Misserghine au prix allant de 40.000 à 45.000 DA. Les éleveurs venant en nombre du Sud, notamment de Djelfa, Bougtob dans la wilaya d'El Bayadh (ex-Geryville), Aflou et Tiaret affichent une petite indulgence en se mettant à la concurrence plus ou moins loyale. Dans le tas, ils cèdent leurs moutons du même poids que les moutons élevés à Oran aux tarifs rabaissés de 2000 à 5000 DA. «Dans les deux cas de figure, les prix du mouton sont tout de même choquants comparativement à ceux appliqués l'année dernière», dira plus d'un, ajoutant que «c'est tout un salaire qui sera claqué». Les explications, peu convaincantes, quant à cette hausse ne manquent tout de même pas. Pour les éleveurs locaux, domiciliés à Oran, ces derniers estiment que les tarifs des moutons sont décidés et fixés à partir des prix des aliments de bétail lesquels estiment-ils ont connu une hausse importante. «C'est à l'opposé des éleveurs venant des Hauts-Plateaux élevant leurs troupeaux sans dépenser un sou pour leur entretien», avancent-ils. «La chair du mouton élevé dans les steppes est d'une valeur nutritionnelle exceptionnelle», rétorquent plusieurs éleveurs venant des Ouled Nayel, localité réputée pour être le fief de l'élevage du meilleur mouton pour le Sacrifice. Si les éleveurs venant des steppes inondent le marché local en proposant des moutons aux prix plus ou moins bas comparativement à ceux appliqués par les éleveurs d'Oran, ceux-là se défendent bec et ongles en leur renvoyant la monnaie de leurs pièces les pointant d'un doigt accusateur d'avoir déclenché la guerre de la hausse des prix. Qui a donc tort et qui a raison' Une telle question ne trouve pas de réponse tant que le marché du bétail n'est soumis à aucune réglementation, du moins pas celle devant régir les prix applicables. La spéculation est donc à son comble provoquant une cacophonie totale dans un marché déséquilibré tout en continuant à échapper au contrôle et à la toute petite maîtrise. L'Aïd El Kebir constitue donc une occasion propice pour se frotter les mains puisque les gains engrangés sont encaissés au comptant. C'est ainsi que l'on voit chaque année des enseignants, des agents d'administrations partir en congé pour se travestir et investir dans une autre profession de circonstance en vendant des moutons de l'Aïd. Faute d'appareils de contrôle, une telle pratique est devenue monnaie courante. Quelle est cette institution officielle qui aurait ce pouvoir magique lui permettant d'intervenir pour réguler un tel marché' Aucune! Les services commerciaux sont figés dans la rengaine impériale et impérieuse du prélibéral Adam Smith «laisse-le passer, laisse-le faire». Autrement dit, le marché est à la fois libre et libéralisé, notamment en ce qui concerne la question des prix. Pour peu que l'offre dépasse la demande. Une telle équation est localement renversée. Malgré l'offre suffisante, les tarifs ne sont aucunement rabaissés. La concurrence et l'abondance n'ont aucune incidence sur les coûts des moutons proposés à la vente à l'occasion de l'Aïd, c'est comme au marché des enchères. Les services vétérinaires locaux sont dépourvus de toutes prérogatives hormis les petites instructions émanant occasionnellement du ministère de l'Agriculture, les obligeant d'intensifier des sorties, en vue de passer des examens sanitaires aux nombreux troupeaux parqués un peu partout dans les zones périphériques de la wilaya et de la ville d'Oran.


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