Algérie

Un mort à l'extérieur compte double



Un mort à l'extérieur compte double
Mustapha Zitouni, glorieux joueur de football qui a rejoint le FLN en pleine guerre, vient de mourir, en France. Raouraoua étant occupé, il n'a pas pu s'y rendre, et les médias en ont vaguement parlé, préférant disserter sur Lionel Messi. Mais cette mort à Nice, bastion de l'extrême droite française, appelle une question pour chaque Algérien(n)e. Où meurt-on ' Messali Hadj est mort en France, Abane Ramdane a été assassiné au Maroc, Jugurtha à Rome. Moufdi Zakaria est mort à Tunis, Kateb Yacine à Grenoble et même l'Emir Abdelkader est mort à Damas. A part Mohamed Boudiaf, tué sur son sol, tous les Présidents se sont soignés à l'étranger avant de mourir chez eux, et l'actuel fera probablement de même, pour rentrer dans une case du carré des martyrs rehaussée d'une stèle en marbre. Poussées à l'exil par la violence du régime, ces figures du pays auront résumé l'équation algérienne, une vie difficile en local et une mort douloureuse en exil.Il ne faut pourtant pas exagérer, beaucoup d'Algériens meurent ici, au point où trouver une place dans un cimetière d'une grande ville est devenu une opération complexe, et le million et demi de martyrs de la guerre d'indépendance a bien été enterré ici, tout comme les 200 000 victimes de la dernière décennie meurtrière. Mais il s'agit souvent d'anonymes, car dès qu'on devient quelqu'un, on attire les foudres des puissants, on se contraint alors à l'exil où l'on y meurt souvent de nostalgie. Plus grand pays d'Afrique, du monde arabe, du monde berbère et du bassin méditerranéen avec ses 2,3 millions de kilomètres carrés, il y a pourtant de la place. Un rapide calcul fait apparaître qu'avec une tombe faisant 1 mètre sur 2, il y aurait de quoi enterrer 1000 milliards d'individus. Pourquoi ces calculs macabres ' Une fois convaincu que tout le monde peut mourir en Algérie, y compris Maurice Audin, il semblerait plus facile d'apprendre à y vivre.




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