Algérie

Un mode de paiement au stade du balbutiement



Les Algériens s'habituent de plus en plus à l'utilisation de la carte bancaire. Mais très souvent pour les retraits d'argent et plus rarement pour les transactions électroniques?La mise en place de la plateforme logistique nécessaire au bon fonctionnement des moyens de paiement modernes a pris effet depuis plus d'une décennie. Pour autant, la carte bancaire, bien que largement mise à la disposition des populations bancarisées, continue encore à servir essentiellement aux simples retraits d'argent sur les distributeurs automatiques de billets. La monétique à proprement parler, c'est-à-dire le paiement électronique par carte interbancaire en place et lieu du cash, demeure, elle, encore au stade du balbutiement.
À l'est d'Alger, sur la devanture d'un hôtel d'un certain standing, un autocollant indique aux clients qu'ils peuvent régler leurs notes au moyen de la carte interbancaire locale, comme avec les cartes bancaires internationales, telle que la carte Visa, pour la clientèle étrangère. "Cela fait plus d'une année que nous avons mis à la disposition de nos clients des terminaux de paiements électroniques (TPE) pour les cartes locales et Visa", nous affirme la réceptionniste de l'hôtel. Seulement, nous confie-t-elle, "s'il arrive souvent que les clients étrangers demandent à régler leurs factures par carte bancaire, il est plutôt très rare que le TPE pour la carte locale soit utilisé?".
Au guichet d'une agence de Sonelgaz à Alger, le discours est presque le même : "Nous avons depuis longtemps un TPE, mais il est rarement sollicité, les Algériens continuent à préférer le cash", nous dit le caissier. Avec le lancement récent du paiement en ligne pour les grands facturiers, à l'instar de la Seeal et d'Algérie Télécom pour le règlement par internet des factures d'eau et de téléphone, les choses commencent pourtant à connaître une certaine amélioration. Même si la part des paiements par carte bancaire reste encore minime comparativement au cash, "nous enregistrons de plus en plus de transactions électroniques opérées par les commerçants", nous affirme une chargée de clientèle d'une agence bancaire publique au centre de la capitale. Au départ, nous relate-t-elle, "les commerçants se montraient très réticents à l'égard de ce mode de paiement, craignant à tort de ne pas récupérer leur argent".
Par la suite, ajoute-t-elle, "nous avons mené une campagne de sensibilisation et nous nous sommes rapprochés d'eux pour les rassurer et, depuis pratiquement le début de l'année, le nombre de transactions effectuées par carte bancaire s'est beaucoup amélioré, en particulier dans les grandes surfaces, les pharmacies et certains commerces domiciliés à notre agence et pour le compte desquels, nous enregistrons parfois jusqu'à une vingtaine de paiements électroniques par jour". De l'avis de cette banquière, ce léger attrait pour ce mode de règlement serait surtout suscité par le lancement du paiement par internet, les clients qui règlent désormais leurs différentes factures en ligne commençant ainsi à prendre confiance en ce mode de paiement et à utiliser un peu plus leurs cartes interbancaires pour régler certains de leurs achats. Chez Mustino, une boutique de pâtisserie raffinée située à Rouiba dans l'est d'Alger, il n'est pas rare que des clients demandent à régler leurs achats par carte bancaire, selon le gérant. "Nous disposons d'une TPE depuis plus de six mois et nous enregistrons assez régulièrement au moins deux à trois paiements électroniques par jour", assure notre interlocuteur.
À la place Audin, au centre d'Alger, la gérante d'une boutique d'accessoires féminins nous confirme également que ses clientes effectuent de plus en plus des paiements par carte bancaire. Dans d'autres magasins, des commerçants, qui affirment disposer de terminaux de paiement électronique depuis plusieurs années, nous disent, en revanche, qu'ils n'ont presque jamais eu à les utiliser. "Nous avons mis une affiche pour indiquer que les paiements par carte sont acceptés, mais les clients ne demandent jamais à le faire car ils sont habitués au cash", nous fait remarquer le gérant d'un magasin de matériel informatique.
Qu'en est-il d'une grande entreprise de transport urbain comme le Métro d'Alger?' Peut-on y payer ses titres de voyage par carte interbancaire?' Interrogé, le personnel nous renseigne que seule la station de la Grande-Poste est équipé d'un TPE. Et seuls les abonnements, ajoutent-ils, peuvent être réglés par carte bancaire. C'est dire ainsi qu'en définitive, même s'il commence à susciter un peu plus d'intérêt qu'il y a quelques années en arrière, le paiement électronique en Algérie reste pour ainsi dire au simple stade du balbutiement, la culture du cash demeurant encore largement dominante et les commerces dans leur grande majorité non encore équipés de terminaux de paiement?
Akli Rezouali


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