Algérie

Un mode d'expression qui s'est imposé en Algérie


Un mode d'expression qui s'est imposé en Algérie
Chaque jour que Dieu fait, une manifestation est signalée quelque partChaque jour que Dieu fait, un mouvement de protestation est signalé quelque part dans le territoire national.Les mouvements de protestation continuent de rythmer la vie des Algériens. De la bourgade la plus reculée du désert au village le plus enclavé en Kabylie, la manifestation est devenue le mode d'expression le plus en vogue ces dernières années.Depuis le début de l'année en cours, plusieurs actions de rue ont été menées dans différentes régions ou wilayas du pays. Les revendications principales des protestataires sont souvent les mêmes et visent à améliorer le cadre de vie: aménagement des routes, raccordement au gaz naturel, à l'eau potable et au réseau d'assainissement. Avant-hier à Tizi Ouzou, des transporteurs ont bloqué l'accès à la ville pour protester contre l'octroi d'un marché de transport des étudiants à un opérateur extérieur à la wilaya. A Béjaïa, c'est la protestation au quotidien. La RN9 reliant Béjaïa à Sétif a été coupée à la circulation par les habitants de Souk El Tenine pendant plus de deux jours pour exiger le raccordement de la localité au gaz naturel. La même raison a incité les habitant de six villages de Ath Zikki à Tizi-Ouzou à fermer le siège de la daïra et l'agence de Sonelgaz.Pour se rendre compte de l'ampleur prise par le phénomène, il suffit de feuilleter les pages régionales des journaux. Pour les observateurs, ces mouvements de protestation ont pour raison principale la corruption qui mine tous les rouages de la société. Les entreprises ne réalisent que rarement leurs projets à temps surtout dans les régions reculées, tout en bénéficiant de la couverture de réseaux locaux, ce qui provoque la colère des populations et les pousse à investir la rue en bloquant les routes ou en fermant les sièges des administrations publiques et des institutions de base, dont les APC. Dans le Sud qui a connu des manifestations d'envergure ces derniers mois, ce sont des revendications de toute autre nature. La coordination des chômeurs a organisé des rassemblements dans plusieurs wilayas du Sud, demandant de favoriser les jeunes de la région pour occuper les postes créés, notamment chez Sonatrach. Tout récemment, c'est à Touggourt et à Ouargla qu'une manifestation pacifique, pour demander l'attribution de lots de terrain à bâtir, s'est transformée en violentes émeutes ayant entraîné trois morts et des dizaines de blessés. Ces derniers jours, c'est à In Salah, à l'extrême sud de Tamanrasset, que le vent de protestation a soufflé. La population s'est mobilisée et a tenu, dimanche, un grand rassemblement devant le siège de la daïra pour exiger l'arrêt de l'exploitation du gaz de schiste dans la région. Le blocage de la principale route pendant deux jours a été couronné par une intervention musclée des gendarmes qui ont dispersé les manifestants par des bombes de gaz lacrymogènes et en les aspergeant d'eau chaude. Des rassemblements pacifiques de soutien ont été organisés dans plusieurs autres wilayas du sud. Cela sans oublier les évènements qui ont secoué Ghardaïa et qui risquent de se renouveler. Ainsi, chaque jour que Dieu fait, une manifestation est signalée quelque part. Sur le front social, les choses ne vont pas mieux.Des syndicats de l'Education nationale et de la Santé menacent de revenir à la charge et de paralyser les établissements éducatifs et les structures sanitaires. Les travailleurs de la Poste brandissent la menace d'engager une grève illimitée à partir du 10 janvier. Les militaires radiés et les gardes communaux sont aussi sur la ligne du front. Ces ébullitions sur les fronts populaire et social sont loin d'être maîtrisées ou réduites par les polémiques et l'actualité politique qui rythment la vie nationale ces dernières semaines. Avec la chute des prix du pétrole, grâce avec lequel le pouvoir achetait la paix sociale et les mesures d'austérité prises par le gouvernement, la cadence des protestations risque de doubler. Si le gouvernement cherche à rassurer les citoyens quant à la maîtrise de la situation, il n'en demeure pas moins que ces derniers sont inquiets.


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