Algérie

Un ministre impliqué dans un scandale


De Tunis, Mohamed KettouJadis, on disait que «la Tunisie était le grenier de Rome». Aujourd'hui, l'on peut dire sans risque de se tromper, elle est devenue le «dépotoir de Rome». Ce qualificatif inonde la toile par des facebookers ou les plateaux des diverses chaînes de télévision. La raison, c'est la corruption, estime-t-on.
Il y a deux mois environ, une affaire avait éclaté au grand jour grâce à un travail d'investigation mené par les médias. Le résultat, un ministre incarcéré le soir même de son limogeage ainsi que huit autres hauts responsables dans le secteur de l'environnement.
Au début de l'été, les douaniers du port de Sousse avaient saisi 70 conteneurs de déchets suivis de 212 autres conteneurs le 26 novembre 2020.
Depuis cette date, les services de douane et le ministère de l'Environnement s'accusent mutuellement et se renvoient la balle. Selon les informations qui circulent au grand jour, les cargaisons contiennent des déchets «dangereux» importés par une entreprise tunisienne spécialisée dans le recyclage des déchets en plastique.
Pour mener à terme son opération, l'entrepreneur a choisi la voie de la corruption sachant que les déchets importés d'Italie étaient interdits par la législation tunisienne. Aussi, a-t-il fait intervenir de hauts responsables à l'agence de l'environnement, au ministère de tutelle et même à la douane.
Malgré le refus de la douane pour fausse déclaration, les conteneurs sont, à ce jour, au port de Sousse
Le contrat établi entre l'entrepreneur tunisien, aujourd'hui en fuite à l'étranger, et son partenaire italien basé à Naples prévoyait l'importation de 120 mille tonnes pour être enterrés en Tunisie au prix de 48 euros la tonne. Marché illicite juteux pour les deux parties. L'objectif des Italiens est de contourner les normes européennes devenues de plus en plus dures à ce sujet.
Pour des experts, cette affaire montre que des lobbies de corruption existent au niveau des hautes sphères, c'est-à-dire au niveau des hauts responsables politiques. D'ailleurs, l'accusation et l'incarcération du ministre de l'Environnement donnent du crédit aux déclarations des experts.
À ce jour, 23 personnes sont soupçonnées de complicité dont le ministre Mustapha Laroui, limogé dimanche dernier et arrêté le soir même.
L'enquête se poursuit et pourrait aboutir à de nouvelles surprises, soit d'autres arrestations. En fait, le ministre a été arrêté en raison des soupçons qui pèsent sur lui alors qu'il était haut cadre au ministère.
Cette affaire défraie la chronique du fait qu'il s'agit du plus grand scandale écologique jamais vécu en Tunisie.
Cela a été confirmé par le président de la Commission parlementaire de la lutte contre la corruption, Badreddine Gammoudi, qui a parlé, aussitôt, de l'arrestation d'un certain nombre de hauts responsables au sein de la douane et du ministère de l'Environnement.
De son côté, le porte-parole du tribunal de 1re instance de Sousse a indiqué qu'il s'agissait de hauts responsables au ministère tels que le ministre démis, son chef de cabinet, l'ancien ministre, mais aussi des responsables au sein d'agences de gestion des déchets et de la protection de l'environnement et de la douane ainsi que du consul (une femme) de Tunisie à Palerme.
M. K.
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