Algérie

Un ministre français confirme 25.000 immigrés seront expulsés


Soumis, depuis des semaines, à un véritable procès par anticipation, le ministère de l'Immigration, de l'Intégration et de l'Identité nationale contre-attaque.  Décriée alors qu'elle n'était qu'une proposition électorale, cette institution s'est essayée, hier, à un véritable exercice de marketing. Une entrée en matière officielle destinée à lever le voile sur une feuille de route tant redoutée par les immigrés et les associations de défense des Droits de l'homme. C'est Brice Hortefeux, le titulaire du poste, qui s'en est personnellement chargé. Le décret constitutif de son ministère signé et son champ de compétence défini, il s'est décidé à sacrifier à son premier exercice médiatique. Histoire de mettre en musique la politique migratoire de Sarkozy. A la différence de nombre de ministres, «l'ami de 30 ans» du président a choisi non pas l'interview classique mais la «tribune libre» (Le Figaro). Dans la continuité des options revendiquées depuis bientôt deux ans, Brice Hortefeux a décliné la première tendance lourde de la démarche migratoire de Sarkozy. Une politique maximaliste menée dans trois directions: l'expulsion des clandestins, une gestion arithmétique des flux et un choix pointu des étrangers candidats au séjour hexagonal. Dans le premier registre, le «Monsieur Immigration et Identité nationale» du quinquennat va vite en besogne. «Priorité absolue», la lutte contre l'immigration illégale sera menée sur la base d'indicateurs. Alors que, sous l'effet des mesures de Sarkozy, les expulsions ont augmenté de 140% entre 2002 et 2006, le gouvernement n'a pas l'intention de tempérer sa fermeté. A preuve, le listing «éloignements» aura compté 25.000 personnes au soir de 2007.  Quelles qu'en soient les situations, les «sans papiers» seront expulsés dans leur pays d'origine «de manière volontaire ou contrainte», précise Brice Hortefeux. Au centre d'une vive polémique depuis des mois, les parents d'enfants scolarisés n'auront pas le bénéfice de circonstances atténuantes. «Ma position est claire», avertit le ministre. «S'il est normal que les enfants présents sur le territoire soient scolarisés, cela ne signifie pas que les parents doivent automatiquement bénéficier de papiers».  Que faire, donc, face à des situations familiales pour le moins problématiques? «Le droit à l'instruction d'un enfant peut aussi être satisfait dans son pays d'origine», estime Brice Hortefeux. «Il n'a jamais entraîné le droit de séjour du parent. Prétendre le contraire reviendrait à créer une nouvelle filière d'immigration». En dépit des critiques dont elle avait fait l'objet, y compris dans le camp de l'UMP, l'«immigration choisie» sera bien à l'ordre du jour du premier bail de Sarkozy à l'Elysée.  L'ex-ministre de l'Intérieur n'a pas l'intention de changer de cap. Et tient à le rappeler par la voix de son «ami de 30 ans». Maîtriser l'immigration «n'implique pas seulement la réguler, cela signifie aussi la choisir», confirme Brice Hortefeux. Dans un pays où «seulement 7% des titres de séjour délivrés, le sont pour des raisons professionnelles», une telle politique s'impose aux yeux des vainqueurs du 6 mai 2007. «À nous de mieux sélectionner les migrants et d'encourager l'immigration pour raisons professionnelles». D'autant que la France, à la différence de ses voisins ibérique et transalpin, n'est pas dans une situation de déficit démographique irrémédiable. Pour autant, rassure le ministre de l'Immigration, les frontières hexagonales ne seront pas totalement verrouillées. Du bâtiment à l'hôtellerie en passant par la restauration, le travail saisonnier agricole, les services à la personne et l'activité scientifique, plusieurs secteurs «ont besoin d'une main-d'oeuvre et de talents d'origine étrangère». D'Europe de l'Est ou du sud de la Méditerranée? Hortefeux se garde d'y apporter de précisions. Loin d'oublier que l'idée d'immigration choisie a suscité, au Maghreb et en Afrique subsaharienne, de vives inquiétudes, le ministre s'est voulu rassurant. «Sans pratiquer un pillage des cerveaux, nous devons en favoriser la circulation. Nous le savons: l'immigration zéro n'est ni possible ni souhaitable», dit-il, empruntant au discours de Sarkozy.
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