Algérie

Un ministère pour l'émigration


Ce ministère sera l'interlocuteur auquel s'adressent les jeunes désirant fuir le pays et le locuteur qui parlera en leurs noms aux pays étrangers.La création d'un ministère pour l'émigration est la seule proposition concrète qu'a dégagée la très attendue conférence du Haut Conseil islamique(HCI) sur les dangers du phénomène de la harga, tenue hier au siège de ce dernier. Le professeur en sciences islamiques et président du bureau des conseils religieux au sein du HCI, Kamel Bouzidi, a déclaré lors de son intervention que la création dudit ministère est la solution idoine pour ce phénomène. Ledit ministère qui existe, selon le professeur dans beaucoup de pays, aura la mission de se pencher sérieusement sur ce phénomène. «Mieux encore, ce ministère sera un véritable interlocuteur auquel s'adresseront les jeunes désirant fuir le pays et le locuteur qui parlera en leurs noms aux pays étrangers, afin de trouver des solutions communes pour ce phénomène préjudiciable pour les deux rives», a-t-il souligné. S'exprimant auparavant sur le point de vue de l'islam, quant au phénomène de lémigration de manière générale, le conférencier a indiqué que l'islam n'interdit pas l'émigration. «Bien au contraire, il l'encourage pour des buts, tels que la recherche du travail, du savoir et des soins. Le voyageur qui meurt au cours d'un voyage par voie maritime a le statut de martyr», dira le professeur. «Cependant, l'islam déconseille aux croyants de faire le voyage au péril de leur vie ou de leur dignité et de façon illégale», a fait observer le professeur. «Ainsi, l'islam condamne le phénomène de la harga car il ne respecte pas ces trois conditions», a coupé court le professeur, en se référant aux versets coraniques interdisant aux croyants de se faire mal et de se donner la mort délibérément. Intervenant en premier, l'enseignant et chercheur en sociologie Ayadi Saïd a fait savoir que le phénomène de l'émigration est vieux chez les Algériens. S'appuyant sur des ouvrages de nom-
breux chercheurs occidentaux séjournant en Algérie au XVIIIe siècle, le sociologue a indiqué que les Algériens et les habitants du Maghreb de manière globale cultivent l'esprit de l'aventure. «Il y a chez les habitants de ces pays cet appât de voyage. Néanmoins, les Algériens ne voyagent pas pour faire du tourisme, mais à la recherche des repères et des habitudes perdus faisant partie de leur identité », a-t-il indiqué. Arguant ses propos, le chercheur en sociologie a indiqué que les jeunes qui fuient le pays actuellement, ne vont pas à la recherche d'une autre culture ou d'une autre religion. «Il le font dans la plupart des cas pour fuir la dégradation des valeurs et l'anarchie dans la pratique de la religion», fera-t-il savoir, en soulignant qu'il y a beaucoup de jeunes qui optent pour vivre en Turquie, parce que ce pays garde encore intactes les vraies valeurs de l'islam. Cédant la parole à l'expert en économie et l'enseignant universitaire Abdelmadjid Gueddi, ce dernier a tenté d'expliquer le phénomène de la harga du point de vue économique. Pour le chercheur, la raison principale de ce phénomène est la recherche des conditions de vie meilleure. Le continent européen est prisé par les jeunes Algériens répond relativement à leurs aspirations en la matière. Pourquoi relativement, Abdelmadjid Gueddi a dit que les idées des harraga, dont 70% ont moins de 40 ans, sur les pays de ce continent ne sont pas tout à fait justes. «Les pays européens souffrent dans leur grande majorité, de nos jours, du chômage. Ce dernier est de l'ordre de 10% dans plusieurs pays. Le taux de croissance dans de nombreux pays européens ne dépasse pas les 2%», a-t-il expliqué. La seule idée juste que ces harraga ont du continent européen est que le marché informel y est très épanoui. Il représente dans certains pays près de 17% du PIB. Pour le chercheur, c'est ce marché-là qui permet aux jeunes Algériens de décrocher des postes d'emploi. L'expert en économie a indiqué par ailleurs que les jeunes candidats à la harga se distinguent par certaines spécificités. La plupart d'entre eux sont issus des milieux urbains.
Les jeunes des milieux urbains sont la catégorie qui souffre le plus du chômage et de la misère. L'autre critère est le fait que la plupart de ces jeunes sont diplômés et instruits. Le troisième critère c'est qu'un fort pourcentage de candidats à la harga est constitué d'alcooliques et des personnes pour lesquelles le trafic de drogue et des stupéfiants n'est pas étranger. Abdelmadjid Gueddi, qui reconnaît que le phénomène de la harga a pris des proportions inquiétantes, a fait remarquer que celui-ci intéresse ces dernières années même les femmes et les enfants en bas âge. La solution efficace pour lutter contre lui, de l'avis du conférencier, est de centrer la politique sociale du pays sur les jeunes.
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