Algérie

Un message «nécessaire localement»



Le président français Emmanuel Macron va officialiser, aujourd'hui même, la fin de l'opération Barkhane qui avait succédé, dans la région sahélienne, aux deux opérations Epervier puis Serval, dès les années 2010. Depuis presque trois mois, les soldats français ont commencé le retrait, principalement du Mali dont les nouvelles autorités de transition avaient exigé un départ «immédiat», pour cause de bilan modeste face aux groupes terroristes, de plus en plus meurtriers aussi bien pour les militaires que les civils. C'est durant une visite à Toulon que le chef de l'Etat français va prononcer un discours pour confirmer l'intention de «marquer officiellement la fin de l'opération Barkhane et d'annoncer une adaptation significative de (nos) bases en Afrique». Par-delà son côté symbolique, la mesure est, en réalité, sans conséquence pour la présence de quelque 3000 soldats sur les 5500 que comptait Barkhane l'an dernier, au Niger, au Tchad et au Burkina Faso. Certes, le redéploiement aura moins d'impact contre la nébuleuse terroriste qui s'intensifie dans la région. Si le Tchad est important pour la géostratégie française au Sahel par son activisme militaire appuyé par Paris, le Mali et le Niger constituent, eux, une zone économique cruciale dans la mesure où s'y trouvent des gisements d'or et d'uranium que la France veut «protéger». D'où le discours perpétuel sur la nécessité de lutter contre la prolifération terroriste alimentée par Al Qaïda et Daesh. L'Elysée énonce que la démarche vise à «réduire l'exposition et la visibilité de (nos) forces militaires en Afrique, se concentrer sur la coopération et l'appui (...), principalement en termes d'équipement, de formation, de renseignement et de partenariat opérationnel, lorsque les pays le souhaitent». Ce volet a été expliqué aux Etats africains concernés, dès les premiers départs du Mali, en 2021. Et il montre que Paris n'entend pas renoncer à la «lutte antiterroriste» au Sahel, même si l'opinion publique africaine s'est cristallisée sur l'exigence d'une sortie de l'ancienne puissance coloniale et d'un recours à la Russie dont les Occidentaux affirment qu'elle agit par le groupe Wagner interposé, malgré les dirigeants systématiques des pays africains eux-mêmes. Au Sommet du G5 Sahel, à Pau (France), Paris avait déjà esquissé une «stratégie nouvelle» pour passer le témoin à une force européenne, Takuba, censée supporter le fardeau financier et militaire des engagements. Or, voici deux semaines, une ministre allemande est montée au créneau pour tirer à boulets rouges sur la politique de la France dont les alliés européens constatent une perte de crédibilité et des dépenses en pure perte. La force Takuba est, ainsi, morte-née tandis que l'Elysée estime, désormais, que ses «soldats restent couverts, protégés, soutenus, administrés dans des conditions qui sont satisfaisantes» au Sahel, tandis que l'annonce officielle du retrait est «nécessaire localement»...


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