Mohamed El Bachir Benmansour, ancien auditeur, a relevé «l'inefficacité» et la «non performance» du système de contrôle interne des entreprises publiques en Algérie.
«Le contrôle du système interne est dépassé et embryonnaire. Il repose sur des procédures anciennes et sur un système d'information inefficace qui se basent sur des logiciels basiques et lents», a-t-il indiqué lors de son intervention «Contrôle interne de l'entreprise, à la lumière des textes législatifs et réglementaires en Algérie», présentée lors de la 2e journée du second colloque international organisé par l'Association des auditeurs et consultants internes algériens (AACIA) et intitulé «Quels apports de l'audit interne à la performance des organisations '» à Zéralda.
Cette situation est due, explique le conférencier en marge de sa communication, à «une organisation non adaptée et non soutenue par un système d'information fiable au sein de l'entreprise». L'absence de référentiels internes et la non identification d'objectifs précis sont les autres contraintes relevées par M. Benmansour qui estime que «le manque de considération à l'égard de cet instrument de contrôle interne constitue un frein sérieux au développement de l'entreprise».
«Cela fait que l'auditeur ne peut pas aller vers l'exercice de sa mission essentielle qui est la gestion des risques et leur maîtrise, qui suppose une remise en cause de la pérennité de l'entreprise», a-t-il regretté. Le conférencier a saisi cette occasion pour lancer un appel à l'AACA «de procéder à un travail intense de sensibilisation et d'information sur l'importance de cette mission interne». Pour lui, l'évolution de l'arsenal juridique algérien définissant l'exercice de la mission de contrôle des entreprises a été en faveur des commissaires aux comptes qui exercent un contrôle sur instruction faite de l'extérieur de l'entreprise.
«La loi 10-01 a été à la charge de l'auditeur interne dans la mesure où il y a eu un transfert de responsabilités vers le commissaire aux comptes qui doit veiller à l'installation des référentiels, de contrôle, et la validation des rapports». Ceci arrive en dépit du fait que «la loi fait obligation à chaque entreprise publique de mettre en place sa propre structure d'audit interne dont la mission est très importante et permanente».
M. Benmansour alerte sur la nécessité de «mettre en place une structure d'accompagnement susceptible d'assurer le bon réaménagement des grandes entreprises publiques en voie de filialisation». «C'est une étape importante et décisive qui va permettre d'éviter les risques de restructuration», a-t-il indiqué, soulignant que «cela relève de la mission des auditeurs». M. Mohamed Méziane, président de l'AACA, a affirmé que le but de ce colloque international est d'«ancrer les bonnes pratiques de l'audit pour mieux répondre aux préoccupations du monde managérial».
Pour lui, l'audit ne concerne pas uniquement le monde économique mais son intervention est «universelle» et concerne aussi l'administration, l'université, les clubs sportifs, les établissements culturels et bien d'autres. «Nous sommes dans une conjoncture où l'entreprise est tenue à l'obligation de résultats à tous les niveaux. Cela passe par un contrôle interne de toutes les étapes de son fonctionnement», a-t-il expliqué.
Il a tenu à préciser que «l'audit n'est pas une mission d'inspection ou de police». «C'est une activité normée et pratiquée dans tous les pays du monde», a-t-il expliqué. Il a indiqué que l'association a procédé à la formation de 174 cadres algériens depuis janvier 2012 afin de les initier au concept d'audit et son importance. «Il faut déclencher le déclic et changer la perception de l'audit qui est souvent lié à une mission de contrôle sur un scandale financier», a-t-il indiqué. Plusieurs experts français, canadiens, marocain et tunisiens ont assisté à ce colloque.
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Posté Le : 25/06/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Nouria Bourihane
Source : www.letempsdz.com