Algérie

Un martyr sans sépulture Youcef Benkhemou



Un martyr sans sépulture Youcef Benkhemou
La guerre de Libération menée par le peuple algérien contre le colonialisme comprend encore des pages douloureuses, mais ô combien édifiantes quant aux souffrances endurées par les familles qui se sont sacrifiées et ont résisté pour un idéal : faire de l'Algérie un pays de liberté et de justice.Les martyrs de la Révolution ont connu diverses destinées, telle celle du courageux et valeureux Benkhemou Youcef, fils d'un cadi-notaire à Fort National, né en 1909 à Bouadnane, en Kabylie, tombé au champ d'honneur en 1959 à Kheddara, dans la région de Souk Ahras, dans l'Est algérien. Pour sa famille, ce fut d'abord un profond déchirement, des déplacements contraignants et un douloureux détachement de la terre natale. Sa femme Ouerdya, aussi brave qu'audacieuse, tenait à demeurer auprès de son mari malgré les menaces et représailles intensives de l'armée française sur les populations locales de Kheddara.
Son fils Hakim, qui porte aussi le prénom de son père, Youcef, afin de perpétuer la mémoire du martyr, né cette même année, témoigne : «Je n'ai pas connu mon père, j'étais dans le ventre de ma mère quand il a été assassiné par l'armée coloniale après de longues séances de torture. Youcef était humble, courageux et très respecté au village pour sa droiture. Son attachement à son pays et à sa terre était sans commune mesure. Il cultivait des figuiers et des cerisiers et possédait une paire de b'ufs pour labourer ainsi qu'une jument pour ses déplacements. Avant de se coucher, il avait pour habitude de s'imprégner de quelque lecture, me confia ma mère.»
Après un court séjour en France où il travaille dans une manufacture en qualité d'ouvrier spécialisé, il rentre en 1955 au pays, alors en pleine guerre. Il s'engage alors pour la cause nationale.
A Iboudrarène, ses activités au sein du réseau de logistique de l'Armée de libération nationale furent dénoncées et un certain capitaine, connu sous le sobriquet de «Bandit», l'avait dans le collimateur. C'est sous la contrainte que Youcef Benkhemou prend sa famille pour s'installer à des centaines de kilomètres de sa Kabylie, à Fardj M'raou dans la wilaya de Souk Ahras, où il continue son combat révolutionnaire jusqu'au jour où un lieutenant et ses soldats l'arrêtent et l'enlevent devant sa fille Fetta, âgée de dix ans, à qui il demanda de l'eau pour la dernière fois.
Ce sont ses derniers mots avec un membre de sa famille.
Des témoins ont rapporté qu'il a subi de longues séances de torture, il a été embarqué dans un hélicoptère avec deux autres révolutionnaires, où ils ont été menottés et jetés par-dessus bord dans un terrain vague, tout près de la caserne de l'armée française.
«Hommage à mon père et à tous ceux qui se sont sacrifiés pour l'Algérie indépendante afin que leur descendance puisse s'épanouir dans un pays libre», a tenu à dire son fils Hakim. «Il faut combatte l'oubli afin d'honorer la mémoire de ceux qui nous ont libéré du colonialisme.»


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